Bonjour à vous toutes et à vous tous,
Comme nous avons, pour la majorité d’entre nous, un peu plus de temps à nous adonner à lecture durant la période estivale, je me permets, comme l’an dernier, de vous faire deux suggestions par semaine jusqu’à la fin du mois d’août.
Œuvre d’une grande tendresse, Françoise de Luca signe, avec La Jeune fille à la tresse (Marchand de feuilles, 2022), un roman qui, je l’espère, rencontrera un large public. Pour ma part, il fait partie des cinq meilleurs titres lus cette année.
Avant d’être un ixième livre sur la Deuxième Guerre mondiale et ses conséquences, c’est d’abord et avant tout un roman sur une amitié indestructible où deux adolescentes se reconnaissent instantanément.
« Je l’ai aimé tout de suite. Sur le quai de ce jour tout simple, on est devenues amies, on l’était déjà », de dire Liliane (Lili), la narratrice, dès la première ligne. Aujourd’hui, âgée de 98 ans, Liliane se remémore le moment où, à l’âge de 13 ans, elle a rencontré Solange (Sol), celle qui fut sa grande, chaleureuse et belle amie.
Octobre 1937. Solange, 12 ans, son jeune frère Marc (Marco) et ses parents polonais, Rachel et Alfred Ast, viennent de déménager de Reims à Saint-Memmie, « une petite commune collée à Châlons-sur-Marne ». Les deux amies sont inscrites au collège pour filles Victor-Duruy, mais dans des classes différentes : Solange est en sixième, Liliane étudie pour obtenir son diplôme de comptabilité commerciale.
Liliane habite un petit appartement rue Hippolyte-Faure, en compagnie de ses deux sœurs ; Solange vit dans une maison cossue située au 19 de la rue du Grand-Mau.
Les parents de l’une et de l’autre sont très différents : Suzanne, la mère de Liliane, est modiste, Rachel est chapelière – elle vend ses créations sur les marchés des environs ; chez les Ast, des gens cultivés et aimants, il y a un esprit familial convivial, on organise des pique-niques, les vacances sont au programme, ce qui est tout le contraire dans la famille de Liliane.
Les amies sont heureuses. De leur jour de congé le jeudi qu’elles passent ensemble, elles vont se voir de plus en plus souvent, jusqu’au jour où la guerre éclate ; les rafles deviennent monnaie courante et la peur s’installe. Autant Solange est lucide et comprend ce qui l’attend, autant Liliane est dans le déni. Est-elle naïve ou ne veut-elle tout simplement pas voir la réalité en face ?
Les Ast doivent prendre une décision : partir ou rester ? Vont-ils pouvoir garder leur entreprise ? Seront-ils déportés ? Qui parmi eux s’en sortira ? Solange et Lilianne vont faire de la Résistance, chacune à leur façon, comme bien d’autres femmes. Mais que leur arrivera-t-il ?
Françoise de Luca a servi, d’une certaine manière, de courroie de transmission à cette relation symbiotique vécue à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale. « Une histoire d’amitié si bouleversante que la véritable Liliane, 98 ans, mère d’une amie de Françoise de Luca, a voulu la raconter à la romancière » révélait Manon Dumais dans Le Devoir. Je suis certaine que vous serez touchée, comme moi, par ces années charnières dans la vie de Solange et de Liliane.
Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) propose, jusqu’au 2 juillet 2023, Vues de l’intérieur : portraits de l’espace habité, une exposition qui nous incite à réfléchir sur notre mode de vie intérieure.
Le commissariat a été confié à eunice bélidor (oui, les minuscules sont intentionnelles), conservatrice de l’art québécois et canadien contemporain (1945 à aujourd’hui) au MBAM, titulaire de la Chaire Gail et Stephen A. Jarislowsky, sous la supervision de Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef au MBAM. Elle a puisé à même la collection du musée pour nous offrir un éventail de 45 œuvres à découvrir ou à redécouvrir – certaines n’ont pas été montrées depuis plus d’une décennie –, qu’il s’agisse de photographies (épreuves à développement chromogène, à la gélatine argentique ou impressions à jet d’encre), de peintures (acrylique ou huile sur toile), de sérigraphies ou d’installations.
Chacun des cinq thèmes abordés ici – l’atelier, les entre-lieux, l’intérieur utopique, l’intérieur intime : un espace de soin et l’intérieur domestique – nous renvoie à un aspect plus personnel. Depuis plus de deux ans, nous avons été obligés de redéfinir nos intérieurs. La pandémie a changé nos habitudes de vie. Que représente « un intérieur », par exemple, pour l’artiste ? Son lieu de travail et, pour une majorité d’entre nous, un endroit où il fait bon vivre, un refuge.
Les 23 artistes québécois et canadiens – 10 femmes (Oreka James, Natalie Reis, Sorel Cohen, Joanne Tod, Martha Townsend, Andrea Szilasi) et 13 hommes (Nicolas Baier, Paul André, Michel Campeau, Stan Douglas, Kim Adams, Pierre Dorion, Alain Paiement) – ont une vision qui leur est propre et qui nous amène à considérer plusieurs enjeux de notre société.
Il y aura, durant les treize mois où est présentée Vues de l’intérieur : portraits de l’espace habité, au niveau S2 du pavillon Jean-Noël Desmarais, une rotation de certaines œuvres, ce qui nous donne l’occasion de retourner au musée. J’ai pris plaisir à voir cette nouvelle exposition, une autre belle initiative du MBAM de mettre de l’avant des créateurs de chez nous. Bonne visite !
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Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,

Marie-Anne