Bonjour à vous toutes et à vous tous,

Les romans de Mélissa Da Costa sont les plus vendus en France. Les Femmes du bout du monde (Albin Michel, 2023) ne fera sûrement pas exception. Si vous aimez découvrir les us et coutumes d’un peuple, si en connaître davantage sur la faune et la flore de la Nouvelle-Zélande, surnommée l’île aux Oiseaux, vous intéresse, si l’écologie vous tient à cœur, si l’entraide, l’amitié, l’amour, les relations humaines vous parlent, alors n’hésitez pas à plonger dans ce roman de 379 pages.

Flore Sanchez avait quitté Sens, petite ville française située dans le département de l’Yonne, pour venir s’installer à Paris où, à l’âge de 20 ans, elle avait épousé « son amour de jeunesse », Paul Decaux, et ce, malgré la désapprobation des parents de ce dernier. Pendant qu’elle travaillait à l’agence de marketing Webmarketeam, emploi que lui avait trouvé sa belle-mère avec qui elle avait des incompatibilités, son mari terminait ses études pour devenir avocat pénaliste.

Leur vie semblait heureuse, tout était réglé au quart de tour, jusqu’au jour où, n’en pouvant plus de se sentir forcée de…, Flore décide de partir au bout du monde, à 19 167 kilomètres de ses racines, à douze heures de vol d’avion de son pays natal, avec pour tout bagage « vingt kilos d’une vie dont il ne reste pas grand-chose à sauver ». Que s’est-il passé pour en arriver à ce geste extrême ? Quand et pourquoi l’engrenage s’est-il mis à dérailler ?

À 27 ans, il lui fallait faire le vide, se terrer là où personne ne viendrait la chercher. La voici donc dans les Catlins, « la région la plus australe de la Nouvelle-Zélande » chez Autumn Stevens et sa fille Milly. À ses pieds, l’océan, la plage de la baie de Curio, le sable blanc. Pourra-t-elle, dans un tel environnement, réussir à faire un trait sur son passé ? Comprendre les raisons de son dérapage ? Se pardonnera-t-elle d’avoir autant fait souffrir son entourage ?

Elle débarque à la mi-août 2020 au camping Mutunga o te ao « le bout du monde », situé dans une réserve naturelle qui comporte 140 emplacements dont 20 pour des véhicules motorisés. Le lieu est resté à l’état sauvage, comme le souhaitait le mari d’Autumn. On y retrouve, par exemple, le kiwi, « l’animal emblématique de la Nouvelle-Zélande », oiseau endémique qui ne peut voler, car ses ailes sont trop petites. Il y a aussi les dauphins Hector, qui sont parmi « les plus petits de la planète » ou les manchots aux yeux jaunes et les otaries.

Autumn propose à Flore d’habiter un bungalow préfabriqué d’environ 20 mètres carrés. Les sanitaires sont à l’extérieur, le confort est à son strict minimum, mais cela n’a aucune importance, car elle n’est pas venue jusqu’ici pour dormir dans un quatre étoiles.

Autumn, Milly et Flore ont chacune des tâches journalières bien précises à effectuer. Petit à petit, les trois femmes vont apprendre à se connaître, mais réussiront-elles à s’adapter l’une à l’autre ? À se faire confiance ? À se comprendre ? À accepter leur différence ?

Milly, 23 ans, qui a en poche un diplôme en écologie, est travaillante et aime passer ses temps libres à nager. Elle n’avait pas encore un an quand ses parents, Autumn et Dan, dont les ancêtres étaient irlandais, se sont installés dans ce coin d’une beauté infinie. Orpheline à l’âge de neuf ans, Milly a été élevée seule par sa mère qui s’était retrouvée veuve après 18 ans de mariage.

Kai Pewhairangi est l’ami d’enfance de Milly. Ayant perdu sa mère à la suite d’une leucémie, c’est son père, Anaru, voisin d’Autumn, qui s’est occupé de ses trois garçons du mieux qu’il a pu. Kai est sur le point d’épouser Amaia, mariage qui sera célébré « dans la pure tradition maorie ». Dans la région des Catlins, les Maoris, peuple de pêcheurs et de navigateurs, sont minoritaires, ce qui n’est pas le cas dans l’île du Nord.

Après les fêtes de Noël, le visa touristique qui a été accordé à Flore ne sera plus valide. Quelle décision prendra-t-elle alors ? Voudra-t-elle faire la paix avec son passé et retourner vivre en France ou tentera-t-elle d’obtenir un visa de résidente, ce qui lui permettrait de prolonger son séjour de cinq ans ? Pour connaître les réponses à toutes ces questions, il ne vous reste plus qu’à commencer la lecture des Femmes du bout du monde, que je vous souhaite la plus agréable possible…

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Les Irrésistibles de Marie-Anne ont aussi leur page Facebook. Venez voir !

https://www.facebook.com/LesIrresistiblesDeMarieAnne

En vous rendant sur la chaîne YouTube à l’émission Les Irrésistibles de Marie-Anne, vous pourrez entendre, à chaque semaine, mes commentaires et critiques de théâtre ou d’arts visuels.

Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,

Marie-Anne

Besson, Philippe

Non, « ceci n’est pas un fait divers », mais plutôt « un fait social » qui s’inscrit malheureusement dans la trop longue liste des féminicides.

Philippe Besson raconte avec une émotion à la fois poignante et pudique comment les enfants, Léa 13 ans et le fils (le narrateur) 19 ans, ont vécu le meurtre de leur mère, Cécile Morand, dont le mari et leur père en est l’auteur.

Le fils essaie de comprendre le motif qui a poussé son père à commettre ce geste odieux, horrible et fatal tandis que Léa, témoin de l’homicide, sombre peu à peu dans l’abîme de la folie. Deux vies ravagées à tout jamais…

Malgré le caractère sordide et tragique de cette affaire, ce roman dévoile une écriture d’une élégance incomparable à travers toute la réflexion qu’elle suscite.

Du Philippe Besson à son meilleur !

Membre : Colombe, Ville de Québec

Besson, Philippe. Ceci n’est pas un fait divers, Éditions Julliard, 2023, 204 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Chacour, Éric

« Il faut se méfier des questions simples. » Voici comment débute ce roman. Un père qui demande à son fils ce qu’il veut faire comme métier. Ce dernier lui répond : médecin comme toi. Tarek vit au Caire avec ses parents et sa sœur. Il devient donc chirurgien comme son père et reprend, à sa mort, la clientèle de ce dernier. Il donne de son temps dans un patelin pauvre, proche de chez lui, afin de soigner ses compatriotes.

Lors de ces visites, il rencontre un jeune homme qui devient rapidement un collaborateur. Ali est un prostitué pour hommes. Dans l’Égypte des années 80, côtoyer et faire travailler un jeune prostitué homosexuel est dangereux. Ajoutons que Tarek tombe amoureux d’Ali.

Lorsque son épouse le quitte pour quelques jours, Ali s’installe chez Tarek. Lorsque leur liaison devient connue, Tarek doit quitter l’Égypte ; sa mère lui dit qu’Ali est mort. Nous découvrons à la page 200, environ, la personnalité du narrateur.

Qui raconte cette histoire qui implique Tarek et son amour pour Ali ? La mère de Tarek qui doit sauver les apparences ? Sa soeur qui se marie afin de vivre sa vie ? Tarek qui a quitté l’Égypte pour se cacher quelque part ? Quel est le lien du narrateur avec Tarek ?

Tarek doit revenir au Caire pour les funérailles de sa mère. Quelle sera la séquence des événements ? Que doit découvrira Tarek lors de ce retour ?

« Récit d’une absence et d’une réconciliation. Ce que je sais de toi brosse avec délicatesse, humour et sensibilité le portrait d’un clan déchiré et d’une société en pleine transformation. »

Le début de ce roman est difficile étant donné qu’on ne sait pas qui est le narrateur. J’ai persévéré et la récompense est évidente. C’est une histoire précise, humaine, juste, vibrante, remplie d’amour. Dérangeant et apaisant sont les qualificatifs que je veux ajouter. Vivement qu’Éric Chacour écrive un autre roman !

Membre : Pierre, Saint-Jean-sur-Richelieu

Chacour, Éric. Ce que je sais de toi, Éditions Alto, 2023, 296 pages.

Holiday, Ryan

Ce livre, censé enseigner l’art de la maîtrise de soi à travers la discipline et la concentration, n’est dans l’ensemble qu’une compilation des sagesses anciennes parsemée d’anecdotes des hommes et des femmes exceptionnels qui ont su réussir leur vie. On y trouve peu d’information originale. Il serait plus utile de lire directement les sources que l’auteur cite.

L’écrivain commence par relater combien Sénèque était inébranlable dans les pires des circonstances. Mais le reste du livre déçoit par rapport au début parce que rien n’est offert comme méthode concrète pour nous aider à parvenir à cet état de calme.

L’ouvrage est divisé en trois parties, la première portant sur le mental, la deuxième sur l’esprit et la troisième sur le corps. Les conseils que Ryan Holiday prodigue sont assez courants dans le domaine de développement personnel : ralentissement, lâchez prise, établissement de routine…

Que les remoutures de platitudes peuvent devenir bestsellers indique peut-être la soif du public de trouver une sortie de la jungle de la vie moderne hyperstimulée sans relâche.

Titre original : Stillness is the Key

Membre : Nacha, Montréal

Holiday, Ryan. Le calme est la clé : l’art de la maîtrise de soi, de la discipline et de la concentration, Éditions Alisio, 2021, 263 pages.

Desberg, Stephen

Les six premiers tomes des bandes dessinées de cette série révèlent les opérations clandestines de la CIA en rapport avec la mafia russe dans le but de faire tomber le communisme. Des millions et des millions de dollars sont jetés partout à travers le monde pour encourager des fauteurs de troubles afin d’avancer les intérêts américains.

Cette histoire fictive, mais fondée sur des faits, commence dans les années 60, au milieu de la Guerre froide. À ce moment, le terrain de jeu privilégié pour les espions des deux côtés est l’Inde, convoitée autant par les Soviétiques que les Américains. Là, les agents de la CIA tombent sur un Russe dont le gros patron n’est autre que le KGB. Les liaisons sont faites. C’est la mafia russe naissante.

En bénéficiant de l’argent des contribuables américains, elle devient une puissance parallèle et s’ancre aux États-Unis après la chute de l’Union soviétique et grandit jusqu’au point où elle est capable d’ingérence dans la politique américaine. On apprend que la politique est intimement liée avec l’argent, souvent sale.

Les opérations menées par la CIA dans cette série font réfléchir sur les prétendus combats des États-Unis pour la cause de la liberté et de la justice. Dans les mots des créateurs : « Le pays de la liberté. Le pays des grandes valeurs […] qui ferment étrangement les yeux sur les principes utilisés pour les imposer au reste du monde. »

Les dessins sont perturbants par la violence qu’ils montrent. Les figures ne sont pas toujours faciles à reconnaître. La trame de l’histoire est ponctuée de flashbacks. Cela prête à confusion et complique la fluidité de l’intrigue. C’est une série pour ceux qui aiment l’action corsée.

Illustrations : Hugues Labiano.

Membre : Nacha, Montréal

Desberg, Stephen. Black Op, Éditions Dargaud, 2005 à 2010, 48 pages pour chacune des BD.

Luhrmann, Baz

Rares sont les films aussi envoûtants, surtout lorsqu’il s’agit d’un biopic. Le réalisateur signe un film flamboyant, une mise en scène dynamique, moderne, débordante d’imagination qui nous accroche dès la première minute.

Ce film vous fera (re)découvrir Elvis Presley, cette légende unique de la musique, mais aussi l’histoire d’un homme sensible, naïf et ô combien manipulable. L’histoire d’un génie exploité jusqu’au point de non-retour, une cage trop dorée, mais surtout une belle histoire d’amour musicale.

À noter l’excellente interprétation de Tom Hanks et d’Austin Butler.

Un des films qui m’a le plus bouleversé, peut-être à cause de l’énorme gâchis des dernières années de la vie d’Elvis, de son talent…

Un film royal vraiment à la hauteur du King. La bande-son est évidemment aussi une merveille !

Membre : France

Cette suggestion est proposée par un lecteur du Pays de Romans – France, membre du club de lecture Troquez vos Irrésistibles et partenaire du Club Les Irrésistibles des Bibliothèques de Montréal.

Luhrmann, Baz. Elvis, Film australo-américain, 2022.

Slimani, Leïla

Pour ma rencontre avec mon club de lecture, l’auteure au programme du mois d’avril est Leïla Slimani. J’avais déjà lu de cette écrivaine quelques-uns de ses romans : Chanson douce, Le Parfum des fleurs la nuit, Le Pays des autres. Cette fois, j’ai choisi Dans le jardin de l’ogre, sans savoir qu’il s’agissait de son premier roman.

Adèle, journaliste, est mariée et a un fils. Son travail l’inspire moins qu’à ses débuts, mais elle y trouve, malgré tout, des satisfactions. Son mariage est ordinaire, son mari est chirurgien.

Sa passion cachée se focalise sur des rendez-vous multiples avec divers partenaires sexuels. Elle est inscrite sur un réseau de rencontres, elle drague dans les bars, elle donne un numéro de téléphone qu’elle seule connaît afin de contacter ou non ses conquêtes.

Adèle cherche parfois la raison de cette dépendance au sexe dans son enfance. Va-t-elle trouver ? Surtout qu’elle devient souvent moins prudente et que son mari pourrait découvrir cette activité. Que va-t-il faire advenant qu’il prenne connaissance de cette passion chez Adèle ?

Ce roman est une belle surprise ! Le sujet abordé, soit la dépendance sexuelle, parle des impacts d’une dépendance chez la personne et chez ses proches. J’ai apprécié le roman et sa proposition ainsi que la façon utilisée pour traiter du sujet. J’ai aimé l’intensité du propos et la tristesse reliée à cette narration.

J’ai par la suite relu en partie Le Parfum des fleurs la nuit (2021). Je recommande la lecture de Leïla Slimani. Malgré les sujets intenses qui sont abordés, le ton demeure calme. Les sentiments explorés deviennent les nôtres. Les personnages sont attachants, ainsi que l’auteure.

Membre : Pierre, Saint-Jean-sur-Richelieu

Slimani, Leïla. Dans le jardin de l’ogre, Éditions Gallimard, 2014, 215 pages.

Brindle, Katie

Un livre épatant qui simplifie quelques notions de base de la médecine chinoise fondée sur le principe qu’un peu de prévention vaut mieux que beaucoup de guérison.

« Yang sheng » veut dire « nourrir la vie » et se rapporte à la partie de la médecine chinoise qui vise à développer la capacité d’autoguérison du corps. Cela nous permet de devenir maître de notre propre santé. Et le coût n’est que dans l’effort.

L’auteure, qui est praticienne de médecine chinoise au Royaume-Uni, propose des pratiques très faciles afin d’améliorer humeur, sommeil et niveau d’énergie. Elle mise sur la respiration, le tapotage, le qi gong, l’acupression et le massage gua sha avec un outil en jade de préférence. Elle donne aussi des conseils pour maîtriser les émotions et avoir un esprit sain. La dernière partie de ce livre montre comment se mettre au diapason des saisons.

Nous n’avons pas besoin de suivre toutes les techniques, seulement quelques-unes suffisent en fonction de nos besoins. Il est même déconseillé de se livrer à toutes. L’écrivaine nous rappelle qu’un des problèmes de la vie moderne est que nous faisons trop de choses, ce qui crée notre stress.

Membre : Nacha, Montréal

Brindle, Katie. Yang sheng : La Fabuleuse méthode ancestrale d’autoguérison chinoise, Éditions Le Lotus & l’éléphant, 2022, 207 pages.

Watson, Brad

Miss Jane vient au monde en 1915, dans une petite ferme du Mississippi. Elle est née avec une malformation génitale-anale, pire, une malformation invisible.

Son médecin suivra Jane à toutes les étapes de sa vie. Il deviendra son grand confident. Un récit sur la résilience, la différence, l’adaptation, le rejet et surtout une belle et grande leçon de vie.

Un roman qui vient remuer nos perceptions envers ce qui est hors norme.

L’auteur a réussi à me sortir de ma « fameuse » zone de confort. Le tout avec douceur et sensualité. Un beau livre.

Membre : Lise de Rosemont

Watson, Brad. Miss Jane, Éditions Grasset, collection En lettres d’ancre, 2016, 2018, 374 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Lemelin, Roger

En son temps, Roger Lemelin (1919-1992) fut l’un des romanciers québécois les plus populaires, auteur en 1948 du livre Les Plouffe, histoire d’une famille ouvrière de la basse-ville de Québec.

Le livre fut adapté en série télévisée, diffusée de 1953 à 1959, en français et en anglais, dont la popularité fut immense : sa diffusion le mercredi à 20 heures vidait les rues, les restaurants et les cinémas.

Lemelin scénarise un film éponyme, qui demeure l’un des classiques du cinéma québécois, puis, plus tard, Le Crime d’Ovide Plouffe basé sur un autre de ses romans. Au total, il écrivit quatre romans.

Lemelin ne fut pas que romancier. Peu scolarisé, mais très entreprenant, il mena aussi des carrières de journaliste et d’homme d’affaires. Il fraya ainsi avec le milieu politique (il voyagea notamment avec Pierre Trudeau), le monde de l’édition et du spectacle et fut fait chevalier de la Légion d’honneur. Ses allégeances fédéralistes lui permirent notamment de devenir PDG et éditeur du quotidien La Presse de 1972 à 1981.

On aurait donc pu s’attendre, dans les 31 courts chapitres de ce livre, à un récit décrivant avec perspicacité les milieux et les gens qu’il a fréquentés. Il n’en est rien. Autopsie d’un fumeur se borne à du name dropping et à des anecdotes sans intérêt. Surtout, l’auteur consacre l’essentiel de son livre à décrire son combat contre le tabagisme (il aurait consommé plus de 800 000 cigarettes, sans parler des cigares Davidoff (p. 153). Il perdit ce combat, puisqu’il mourut d’un cancer du poumon, même s’il avait cessé de fumer quelques années plus tôt, d’où le titre du livre.

Toujours prompt à lancer des anathèmes, Lemelin accuse la société de ses problèmes de santé : « Ah, si jadis on nous avait vanté les bienfaits de l’alimentation saine, de l’exercice physique, de la modération, au lieu de nous cacher les méfaits du tabac, de la goinfrerie, de l’alcool, de la drogue… » (p. 158). C’est un peu fort, car les méfaits du tabac, de l’alcool et de la drogue étaient connus depuis des décennies.

Mon grand-père imprimeur disait que le papier ne refuse jamais l’encre, manière de dire que le fait qu’un texte soit imprimé ne garantit pas son intérêt. Ce récit de Lemelin en fait la démonstration éclatante.

Membre : Pierre, abonné de la bibliothèque Germaine-Guèvremont

Lemelin, Roger. Autopsie d’un fumeur, Éditions Stanké, 1988, 168 pages.

Proulx, Monique

Lila Szach protège un petit coin de campagne épargné par le développement. Un lac d’eau pure, le Lac à l’Oie, et les vieilles montagnes des Laurentides entourent son domaine.

Les animaux sont rois et elle entend bien n’y rien changer malgré des promoteurs qui se pointent le bout du nez. « Champagne » est d’ailleurs l’ancienne épellation de « campagne ».

Plusieurs personnages s’y croisent, certains y trouvant une paix intérieure et d’autres créant le chaos. Un univers à découvrir !

Membre : Laval-Vimont

Proulx, Monique. Champagne, Éditions du Boréal, 2008, 400 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Banks, Russell

Leonard Fife est un célèbre documentariste américain qui s’est réfugié au Canada pour ne pas aller se battre au Vietnam. Tout au long de sa carrière, il a dénoncé les mensonges, l’hypocrisie des gouvernements et du monde des affaires.

Atteint d’un cancer en phase terminale, Leonard Fife sait que sa fin est proche et c’est par le biais de la caméra qu’il veut dénoncer un dernier mensonge, le sien, celui de sa vie. Il le fait pour sa femme, Emma, afin qu’elle sache qui il est vraiment.

Il confie à une équipe de tournage qu’il connaît bien le soin de tourner ses derniers jours et ses confessions. À une caméra, il ne peut rien cacher. Alors il parle, il s’adresse à Emma via la caméra qui le fixe, il relate les années qui ont précédé leur rencontre. Il avoue avoir été lâche, avoir eu peur d’aimer et d’être aimé.

À travers Fife, l’auteur interroge la vérité des souvenirs sur ce qui nous construit, ce que nous sommes, ce que nous vivons. « Nos souvenirs sont un monde remémoré, pas tout à fait fictif mais réducteur. Ne sont-ils pas des mensonges ? » dit l’auteur par le biais de Fife.

Membre : France

Cette suggestion est proposée par un lecteur du Pays de Romans – France, membre du club de lecture Troquez vos Irrésistibles et partenaire du Club Les Irrésistibles des Bibliothèques de Montréal.

Banks, Russell. Oh, Canada, Éditions Actes Sud, 2022, 328 pages.

Bonjour à vous toutes et à vous tous,

Les 108 membres du jury du prix du Club des Irrésistibles du réseau des Bibliothèques de la Ville de Montréal (provenant autant du Québec, de France que d’Espagne) ont fait connaître leur choix :

Mille secrets mille dangers d’Alain Farah (Le Quartanier, 2021), remporte le prix du Club des Irrésistibles 2023.

En 2e position, La Décision de Karine Tuil (Gallimard, 2022).

En 3e position, La Jeune fille à la tresse de Françoise de Luca (Marchand de feuilles, 2022).

En 4e position, Les Villages de Dieu d’Emmelie Prophète (Mémoire d’encrier, 2020).

En 5e position, Blizzard de Marie Vingtras (de l’Olivier, 2021).

Plusieurs points communs relient les titres en lice de cette 15e édition du prix des Irrésistibles : la famille, le déracinement, les croyances religieuses, l’entraide, l’amitié, l’amour… Cinq fabuleux romans qui nous permettent de mieux saisir diverses réalités.

Un grand merci du fond du coeur. Je nous donne déjà rendez-vous l’an prochain mais, d’ici là, je vous souhaite de belles découvertes littéraires tout au long de l’année !

L’exposition Par-delà les frontières, organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal et commissariée par Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du MBAM, est une belle initiative du Musée de la rue Sherbrooke. On y présente, jusqu’au 23 août prochain, trois œuvres récentes de Nalini Malani.

Connaissez-vous cette artiste engagée et polyvalente née à Karachi, au Pakistan, en 1946 ? Pionnière en art vidéo dans son pays d’origine, c’est la première fois que le Canada lui consacre une exposition solo. J’ose écrire : il était temps !

Si vous descendez les escaliers en direction de la petite salle du Carré d’art contemporain, vous vous retrouvez face à la première des trois œuvres proposées.

City of Desires – Crossing Boundaries [Ville de désirs – Par-delà les frontières] (1992-2023), dessin au fusain et crayon-feutre qui fait tout un pan de mur, a été réalisé in situ pour le MBAM.
Il s’agit ici d’une performance, car le tout sera effacé dans les derniers jours de l’exposition. Pourquoi ? Parce que Nalini Malani ne considère pas « l’art comme un produit ». Nous le savons : la vie est un instantané et la mémoire retient bien ce qu’elle veut. « Le geste de l’effacement constitue également un moyen de démocratiser l’art et de rejeter la commercialisation » de dire Malani qui, pour la présentation montréalaise, a fait appel à deux artistes de chez nous : Cassandra Dickie et Iuliana Irimia.

Une fois dans la salle du Carré d’art contemporain, nous sommes submergés d’images et de musique. Can You Hear Me ? [M’entends-tu ?] (2018-2020), projette sur les murs, à l’aide de neuf canaux, 88 animations que Malani « a dessinées avec son index sur un iPad ».
Ainsi, durant une vingtaine de minutes, assis sur l’un des neuf gros coussins ou debout en nous promenant, on regarde ce flot d’images et de textes en nous promettant de revenir, car le tout défilant à bonne vitesse, on ne peut tout absorber en une seule fois.
Ce qui rend cette installation encore plus saisissante, c’est qu’elle « a été inspirée par le viol et la mort violente d’une petite fille de huit ans aux mains de huit hommes indiens. La voix de l’enfant n’a tragiquement pas été entendue ».

Pour ce qui est de Ballade d’une femme (2023), il nous faut revenir au MBAM, car l’animation remplie de couleurs éclatantes, dessinée encore une fois à la main, ne peut être vue qu’à la nuit tombée, et ce, jusqu’à 23 h. Projetée durant environ cinq minutes sur la façade du pavillon Michal et Renata Hornstein « dans le cadre de la Toile numérique », il serait question d’une « femme assassinée qui revient à elle et efface les traces de sa propre mort, protégeant par le fait même son assassin ».

Comme vous pouvez le constater, Nalini Malani aborde dans son travail des sujets d’actualité que je vous laisse découvrir lors de votre visite.

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En vous rendant sur la chaîne YouTube à l’émission Les Irrésistibles de Marie-Anne, vous pourrez entendre, à chaque semaine, mes commentaires et critiques de théâtre ou d’arts visuels.

Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,

Marie-Anne

Musée Anne Frank

J’ai retrouvé dans ma bibliothèque un trésor, un cadeau d’une amie à son retour d’Amsterdam qui connaît mon intérêt pour le sujet. Maison d’Anne Frank. Un musée avec une histoire est un petit bijou.

On peut y voir des coupes de la maison, des photos de famille et de la chambre d’Anne Frank, ses précieux manuscrits, les photos collées sur le mur de sa chambre, même un morceau du papier peint sur lequel Otto Frank avait marqué au crayon la grandeur de ses filles ainsi que les dates où elles ont été prises et qu’il a délicatement décollé et découpé pour le garder précieusement lors de son retour des camps, seul rescapé de la famille Frank.

Ce petit livre m’a accompagnée pendant ma lecture du merveilleux livre de Lola Lafon, Quand tu écouteras cette chanson (2022).

Traduction : Mireille Cohendy et Arlette Ounanian.

Membre : Floride

Musée Anne Frank. Maison d’Anne Frank. Un musée avec une histoire, Éditions Calmann-Lévy, 2001, 254 pages.

Kourkov, Andreï

L’histoire se passe en Ukraine en 2014… C’est la guerre, on abandonne des villages.

Sergueïtch se retrouve avec ses abeilles et un seul autre habitant dans la zone grise… d’où on entend des bombardements au loin. Mais lorsqu’une bombe tombe tout près de chez lui, il décide de partir pour conduire ses abeilles dans un lieu plus sécuritaire. Il devra franchir plusieurs postes de contrôle et subir plein de tracasseries administratives avant d’aboutir en Crimée où la température est idéale.

Mais d’autres mésaventures l’attendent… Tout un périple semé d’embûches. J’ai beaucoup aimé !

Membre : Rose de Rosemère

Kourkov, Andreï. Les Abeilles grises, Éditions Liana Levi, 2022, 399 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Lachapelle, Lucie

Un petit bijou sur la vie dans un village du Nord du Québec. Ayant séjourné quelques fois, de cinq jours à huit semaines dans un des villages au Nord, j’ai avalé ce livre comme un dessert que l’on a adoré.

L’auteure décrivait plusieurs des émotions ressenties dans ce si grand espace. Qu’il soit à Inukjuak, Salluit, Aupaluk ou…, le résident du Sud, lorsqu’il arrive, est saisi par l’espace, la blancheur, l’immensité. L’absence d’arbres, de commerces, de restaurants nous oblige à trouver nos repères. La vie quotidienne, on doit l’affronter, s’y adapter. Dans ses 13 chapitres, Lucie Lachapelle a bien rendu sur papier plusieurs de ces moments. Super bien écrit, facile à lire.

Par contre, j’ai entendu des commentaires de lecteurs sur un sujet semblable, dire qu’il ne se passait presque rien, que tout était lent. Ils étaient déçus, je peux le comprendre, car lors de ma première visite de quatre jours, j’étais super étonnée. J’avais d’abord découvert un avion (15 places) plein de nourriture, avec trois passagers, regardant les deux pilotes faire leurs manœuvres. Et, trois heures après notre arrivée, ce même pilote préparait des sandwiches à l’aréna pour la grande fête dans le village. Oui la communauté est au centre de tout… Bonne découverte !

Membre : Île-des-Sœurs

Lachapelle, Lucie. Histoires nordiques, XYZ éditeur, collection Romanichels, 2013, 138 pages.

Barbery, Muriel

Rose, jeune botaniste franco-japonaise, se rend à Kyoto pour recueillir l’héritage de son père, Haru, qu’elle n’a jamais connu. Maud, sa mère, est décédée lorsque Rose était jeune ; elle a été élevée par Paule, sa grand-mère. Rose n’est pas ravie de ce voyage.

Muriel Barbery, par la description de l’état d’âme de Rose et sa mauvaise volonté à découvrir la vie de son père récemment disparu, m’a rendu le personnage de Rose pénible ; Kanto, le chauffeur, est lui très patient ; la gouvernante, Sayoko, est bien délicate et diplomate avec Rose, la fille de son patron qu’elle vient de perdre et que dire de Paul, le secrétaire d’Haru, Belge installé au Japon depuis longtemps.

Rose est réticente face à la découverte des racines paternelles, mais peu à peu, la visite des nombreux temples de Kyoto, ornés de tous ces beaux végétaux, elle, Rose, la botaniste, va se laisser envelopper par les us et coutumes de la société nippone.

Ce roman à l’atmosphère douce-amère au comportement de Rose m’a donné envie de la laisser dans son déni de connaître son père et son histoire. Mais l’atmosphère du livre, avec tous ses personnages si patients envers Rose, m’a permis de faire un beau voyage au pays du Soleil levant.

« Durant le déjeuner orchestré d’une succession de petits plats précieux et bizarres, ils restèrent silencieux. À la fin, Paul commanda des cafés et elle eut envie de parler.

- Le thé de ce matin n’avait presque pas le goût de tout et pourtant, il avait le goût de tout, commença-t-elle.
- C’est une bonne définition du Japon, dit-il. »

Membre : Christine, Duvernay (Laval)

Barbery, Muriel. Une rose seule, Éditions Actes Sud, 2020, 158 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Lemaitre, Pierre

Après Le Grand Monde (2022), voici le second volet de la série Les Années glorieuses. On y retrouve la famille Pelletier au début des années 50, plus précisément durant les mois de février et mars 1952 : Louis et Angèle, les parents ; les enfants : François qui est responsable des faits divers dans un journal national ; son frère Jean et sa femme Geneviève qui veulent ouvrir un grand magasin de produits pour dames ; Hélène qui couvre les faits divers, au même journal que François.

Tout tourne autour d’un événement qui prend une très grande importance dans ce roman : l’inondation programmée d’un petit village pour permettre la mise en opération d’un immense barrage qu’on vient de finir de construire. C’est Hélène qui est chargée de couvrir l’événement. Pour réussir de bons papiers et de bonnes photos, elle devra jouer de finesse avec Destouches, le responsable de l’évacuation du village, ainsi qu’avec tous les habitants.

Et il y a tous les autres personnages en lien avec eux : Denissov, le rédacteur-en-chef du journal, le docteur Marelle, soupçonné d’avortements illégaux… et des dizaines d’autres, tous aussi intéressants les uns que les autres.

Pierre Lemaitre a le don, dans son œuvre, de nous faire revivre des époques qui relèvent du passé. Ici, ce sont les années 50 en France. Et ce, avec une foule de détails qui rendent l’histoire aussi réelle que si nous la vivions. Par exemple, il nous parle d’un sondage que le journal de François a réalisé concernant la propreté corporelle des femmes à cette époque. Ce sondage a vraiment été réalisé par le journal Elle France et Lemaitre a pris la peine de l’insérer tel quel en annexe. C’est hallucinant !

Exemple : Changez-vous de culotte A. tous les jours ? (17 %) ; B. deux fois par semaine ? (53%) ; C. toutes les semaines ? (29%) ; D. moins ? (1%).

Évidemment, j’ai très hâte de mettre la main sur le prochain volet.

Membre : Michel, Saint-Jean-sur-Richelieu

Lemaitre, Pierre. Les Années glorieuses. 2, Le Silence et la Colère, Éditions Calmann-Lévy, 2023, 583 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Tesson, Sylvain

Un photographe animalier propose à Sylvain Tesson de l’accompagner dans une expédition au Tibet à la recherche de la panthère des neiges, félin rusé, en voie de disparition.

Ce livre est le récit de cette expédition où Sylvain Tesson nous conte ses longs trajets pour atteindre les lieux d’observations, l’attente interminable par -30 degrés, immobile dans un recoin de la montagne, pour voir peut-être la panthère des neiges ; il nous décrit les autres animaux qui peuplent son territoire.

Ce livre est un moment partagé avec lui dans l’espoir d’apercevoir cet animal mythique, c’est ce qui m’a plu. On attend avec lui.

Il nous fait partager aussi son bonheur des rencontres hommes et animaux de ce territoire dont il nous fait la description avec un vocabulaire riche et précis. Il est aussi très généreux dans ses références littéraires et historiques qui cernent son aventure du moment.

« Les falaises constituaient un paradis pour la panthère. Les cavités offraient des replis. Les yacks et les barhals bleus offraient les provisions de bouche. Les hommes, eux, ne faisaient pas les malins. »

Membre : Christine, Duvernay (Laval)

Tesson, Sylvain. La Panthère des neiges, Éditions Gallimard, 2019, 167 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Olmi, Véronique

Le Gosse de Véronique Olmi raconte l’histoire d’un petit garçon orphelin de sept ans dans le Paris pauvre des années 20-30. Sa mère décède à la suite d’un avortement qui a mal tourné et sa grand-mère, atteinte de démence, est envoyée dans un hospice.

À cette époque, les orphelins sont envoyés à la campagne dans des « fermes/écoles » pour leur « bien ». Ces fermes étaient plutôt des camps de travail, les enfants y étaient exploités, sous-alimentés, punis sans raison et abusés sexuellement. Le petit Joseph, tant aimé et bichonné par sa mère et sa grand-mère, y découvre la violence et la cruauté ; il doit faire sa place et résister. Heureusement il découvre la musique qui l’aidera à traverser cette vie d’horreur.

D’après une histoire vraie, le très beau texte de Véronique Olmi est très dur, déchirant et révoltant, mais je n’ai pu le lâcher, anticipant une bouffée d’air salutaire et une fin d’espoir.

Coup de cœur malgré toute la violence !

Membre : Floride

Olmi, Véronique. Le Gosse, Éditions Albin Michel, 2022, 294 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.