Prix du Club des Irrésistibles 2011
Gagnant 2011

Le violoncelliste de Sarajevo
Steven Galloway
(JC Lattès, 2008, 2009)
Finalistes 2011

Deuxième position
La traduction est une histoire d’amour
Jacques Poulin
(Actes Sud, Leméac, 2006)

Troisième position
Ru
Kim Thúy
(Libre Expression, 2009)

Quatrième position
L’énigme du retour
Dany Laferrière
(Boréal, 2009)

Cinquième position
Cet homme-là
Eve de Castro
(Robert Laffont, 2010).
[...] 2009, le club des irrésistibles désigne une œuvre qui se mérite le prix annuel des lectrices et lecteurs du club. Cette œuvre est choisie par un jury constitué de membres du club, à partir des cinq titres les [...]
[...] Prix du Club 2011 Prix du Club 2010 [...]
Le violoncelliste de Sarajevo : Mon coup de coeur.
Alors que dans les lectures précédentes les protagonistes avaient fait l’expérience de l’exil, ici on établit le climat qui justifiera l’exil.
La structure employée par l’auteur est efficace et nous installe de prime abord dans un environnement où la menace est constante. Phrases courtes, dialogues, images chocs, le lecteur
fait partie du décor, il est à la fenêtre d’un immeuble situé en surplomb de la ville de Sarajevo d’où il est témoin du quotidien de ses habitants. Un voyage de vingt-deux jours qu’on voudrait situer au XVIIe siècle mais non c’était hier. On ne revient pas de ce voyage indemne. Après avoir fermé la dernière page je me suis retrouvée à la bibliothèque pour me procurer une version orchestrée de l’Adagio d’Albinoni et depuis je cherche dans les différentes compilations classiques les différentes version de cette oeuvre comme de petits extraits de l’écriture de Galloway.
Cet homme-là :
Le lecteur assiste, impuissant à cette descente aux bas fonds de la passion amoureuse. Jusqu’où peut-on accepter l’inacceptable de la part de l’autre ?
Prédateurs et proies, lacérations/acceptation, abusés/floués, haine/folie, Vivement que la dernière page soit tournée. Mais quelle écriture et avec quelle facilité l’auteur nous entraîne dans
cet univers qui nous rebute; qu’on veut éviter à tout prix, dont on veut se tenir à mille lieux. Pourtant le livre demeure sur la table de chevet jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de mots.
L’énigme du retour:
Que de poésie,
Que de nostalgie,
Alternance d’images d’une réalité crue à l’évocation de tableaux exotiques.
Mais permettez cher auteur de douter de vos derniers mots: Un temps enfin revenu – C’est la fin du voyage- les rêves demeurent, les saisons vont et viennent, la boucle n’en finit jamais; la vie, la mort, partir, revenir entre les deux les coeurs balancent.
La traduction est une histoire d’amour :
Pour Jacques Poulin on devrait peut-être créer une collection à « La courte échelle » pour les romans un peu trop long
pour les catégories existantes.
J’aurais aimé que le propos du livre pénètre davantage dans l’univers qu’évoque le titre du roman. Tout à fait convenable pour une ado aimant les chats et les messieurs bien intentionnés.
Ru:
Ou comment vit-on un déracinement de l’Orient à l’Occident et quelles en sont les déchirures les plus visibles ?
A la première lecture j’avoue avoir conservé comme une sensation de froideur – je venais de quitter les chaudes couleurs de Dany Laferrière pour m’enfoncer dans un univers de résilience au parfum de beurre Bretel. Alternance des couleurs chaudes-froides, alternance passé-présent, alternance parents-enfants, alternance des sentiments distance-tendresse. À la relecture mon sentiment est plus conciliant mais demeure ambivalent.
La traduction est une histoire d’amour de Jacques Poulin
Style simple et dénudé, chargé d’émotion, de douceur et de silence entre les mots (pas trop bavard, il laisse de la place au lecteur);
rythme musical où le passé s’insère dans le présent sans le dominer et le barbouiller;
bonne histoire dont le sens est toujours actuel: blessures du passé, solitude existentielle, tension mort/vie, amitié, relation jeune/vieux, besoin de tout être humain d’être consolé et rassuré affectivement;
discrétion, délicatesse et compassion traversent les pages.
En bref, je dirais qu’entre la traductrice et l’écrivain s’écrit une histoire d’amour et d’amitié dans un style limpide. Un livre tout en dentelles.