Le Thé chez la Comtesse
Gagarine, Marie
Dans ce deuxième tome de son récit autobiographique, l’auteure raconte sa vie après son mariage avec le prince Vladimir Gagarine, qui était horticulteur et cultivait des fleurs à Antibes sur la Côte d’Azur.
Cette exploitation ne marche pas très bien. Alors, quand son mari trouve une situation d’ingénieur agronome au Maroc, la famille accepte volontiers de le suivre sachant qu’il y avait une petite communauté russe à Rabat pour les soutenir. Malheureusement, son mari meurt après la Deuxième Guerre mondiale et Marie Gagarine se décide à rentrer en France avec ses trois filles.
Ironiquement, c’était dans les colonies que les Russes qualifiés trouvaient du travail qui leur convenait car, en France, ils étaient réduits, selon elle, à des emplois de bricoleurs, de vendeuses, de commis ou de cuisinières. Effectivement, on voit cela au début du livre quand quelques émigrés se réunissent à Nice chez une cousine, ancienne comtesse.
Même si elle parle quatre langues et a une parfaite maîtrise du français, l’auteure peine pour trouver du travail. Elle exerce une succession de boulots : secrétaire, femme de ménage, comptable, traductrice… Et elle se lance, aussi, dans quelques entreprises : garde d’enfants, couture, confiserie… Ses deux grandes filles trouvent des emplois stables avant elle, divisant la maison en « pauvres et riches » avec elle et sa plus petite du côté indigent. Ses aventures gagne-pain sont décrites avec beaucoup d’humour.
Malgré toutes ces difficultés, elle ne regrette pas de s’être installée en France définitivement. On ne relève pas la moindre trace d’amertume ni d’apitoiement dans son récit. En fait, on finit par admirer son courage, sa dignité et sa débrouillardise.
Comme dans le premier tome, Blonds étaient les blés d’Ukraine (1989) il y a des longueurs. Mais, cela est pardonnable étant donné le vécu incroyable de cette dame.
Membre : Nacha, Montréal
Gagarine, Marie. Le Thé chez la Comtesse, Éditions Robert Laffont, 1990, 338 pages.