Bonjour à vous toutes et à vous tous,
Peut-on survivre à la perte d’un enfant ? Est-ce que, dans de telles circonstances, le couple resserre ses liens ou se désagrège-t-il petit à petit à force de tenter d’éteindre des feux ? C’est ce que vous saurez en allant voir la pièce Le Terrier de David Lindsay-Abaire, présentée à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 19 novembre.
En une heure trente, la pièce engendre mille et une questions : comment réagissent la famille, l’entourage, les amis, les collègues de travail face à l’impensable, l’innommable : la perte d’un enfant ? Les parents, eux, doivent-ils tourner la page rapidement, faire comme si tout allait bien ou se renfermer dans leur douleur ?
Bien sûr, Louis (Frédéric Blanchette) et Becca (Sandrine Bisson), car ce sont eux les parents dont il est question dans cette pièce, vont passer de l’incrédulité à la tentative de rapprochement, de la colère à un groupe de soutien, envisager un retour au travail et se dire : « Aujourd’hui, j’ai fait des progrès ». Même la mère de Becca (Pierrette Robitaille) et sa sœur (Rose-Anne Déry) vont, à leur manière, parfois maladroite, mais sincère, intervenir dans ce drame familial pour tenter de soulager la peine du couple.
Vendre ou ne pas vendre la maison ? Ranger dans des boîtes, jeter ou donner ce qui rappelle Danny, le fils unique, fauché alors qu’il n’avait que quatre ans ? Rencontrer celui (André-Luc Tessier, dans le rôle de Jason) qui leur a enlevé accidentellement leur fils ? Tenter de renouer avec les amis qui, eux, ont encore leur progéniture ?
La mise en scène de Jean-Simon Traversy est sobre – il ne fallait surtout pas en rajouter vu le drame qui se joue sous nos yeux ; la traduction d’Yves Morin sonne juste et le décor de Cédric Lord est dépouillé et ingénieux alors que deux plates-formes nous rappellent qu’il y a eu un avant et un après Danny. Mais qui sait, l’espoir d’un recommencement est peut-être possible…
Première production de Tableau Noir, en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier, jeune compagnie de théâtre dont je vais suivre le travail.
L’auteur écossais, Douglas Maxwell, livre un texte coup de poing qui met en valeur tout le talent de Micheline Bernard, seule sur scène durant une heure trente.
Des promesses, des promesses, pièce écrite il y a neuf ans, est partie, comme on l’apprend dans le programme, d’une histoire qu’une amie enseignante a racontée à Maxwell. C’est presque irréaliste !
Miss Maggie Brodie, ex-professeure célibataire et sans enfants, portée sur la bouteille, sort de sa retraite londonienne pour remplacer quelque temps une collègue. Parmi ses élèves, une Somalienne de six ans. Rosie ne dit mot, paraît pétrifiée, apeurée – on le serait à moins – étant suivie à la trace par un exorciseur. Sans le savoir, cette fillette servira de catharsis à Miss Brodie qui cache derrière ses airs hautains une femme blessée. Une fois les vannes ouvertes, elle ne pourra les refermer. Autant l’enfant ne dit rien, autant l’adulte ne cesse de déverser un flot de paroles tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre, bifurquant sur sa propre enfance, auprès de son père, de sa sœur – que l’on a forcée à entrer chez les religieuses – pour repartir de plus belle sur le métier d’enseignant.
Miss Brodie veut aider Rosie, mais au fond, ne veut-elle pas tenter de se sauver elle-même avant tout ? Elle voit en Rosie une âme à libérer – ce qu’elle n’a pas su faire à une certaine époque de sa vie. Mais qui veut-elle réellement protéger et de quoi ? Juste retour des choses ? Prise de conscience ? Vengeance ? Réussira-t-elle à s’affranchir de ses propres démons ?
Micheline Bernard est tout simplement époustouflante. Je connaissais déjà l’étendue de son registre pour l’avoir vue à plusieurs reprises sur nos scènes montréalaises, mais là, ce qu’elle donne à voir et à attendre est imbattable.
La mise en scène de Denis Bernard est sobre, efficace, aucune surenchère et que dire de la traduction de Maryse Warda, encore une fois très juste.
Un grand moment théâtral où l’auteur a rencontré son interprète, qui elle a trouvé son metteur en scène, qui lui a osé le proposer à sa cousine.
Cette production du Théâtre de la Manufacture, présentée jusqu’au 19 novembre à La Licorne, tient ses promesses.
Le lundi 14 novembre, à Radio VM (91,3 FM), de 17h45 à 18h, dans le cadre de Culture à la carte, je m’entretiendrai avec le metteur en scène Michel Poirier, qui viendra nous parler de la pièce Nos Femmes d’Éric Assous, présentée chez Duceppe jusqu’au 3 décembre 2016.
Lundi dernier, je recevais la metteure en scène Brigitte Haentjens, venue nous parler de la pièce Une femme à Berlin (Journal, 20 avril – 22 juin 1945) de Marta Hillers, présentée à l’Espace Go jusqu’au 19 novembre, puis au Théâtre français du Centre national des Arts à Ottawa du 30 novembre au 3 décembre 2016.
Culture à la carte – 20161107 - M.-A. Poggi – Brigitte Haentjens.
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Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,
Marie-Anne