Bonjour à vous toutes et à vous tous,

La réalisatrice et scénariste française Maria Larrea a publié, il y a quelques mois chez Grasset, son premier roman, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent (2022). Née le 2 novembre 1979 à Bilbao, elle s’est installée avec ses parents à Paris avant de poursuivre des études en cinéma à La Fémis.
La vie de la narratrice, Maria, repose sur un mensonge. Elle avait toujours cru, jusqu’à ses 27 ans, qu’elle était la fille unique de Victoria et de Julian, tous deux abandonnés à la naissance.
Voici le début de ce récit autobiographique, divisé en deux parties. À partir de cette découverte, Maria veut savoir. Comment se sent-on lorsqu’on apprend que nos premières années d’existence ont été vécues dans les cachoteries et les faussetés ? La narratrice et écrivaine part en croisade, tente de faire des recoupements, fait des allers-retours entre l’Espagne et la France. Va-t-elle réussir à raccorder les morceaux manquants ? Que va-t-elle découvrir ? Pourquoi Victoria et Julian lui ont-ils menti ? Pourra-t-elle leur pardonner ? Résilience ou condamnation ? On ne peut lâcher ce roman avant la fin.
Donc, en 1947, Dolores, la mère de Victoria, met au monde sa fille. Déception. Elle voulait un deuxième garçon, le premier n’étant pas très futé. Envoyée au couvent de Santa Catalina, Victoria, malgré ou à cause de sa trop grande beauté, n’a jamais été adoptée. Dix ans plus tard, retour à la case départ, Dolores doit la reprendre.
Si Victoria est Galicienne, Julian, lui, est Basque. Josefa, prostituée bien en chair de Bilbao a, comme client régulier, un menuisier asthmatique. Elle se retrouve enceinte à 24 ans et accouche de son fils le 28 juin 1943. Vu son métier, Josefa place Julian chez les frères de Saint-Ignace, à la Santa Real Casa de la Misericordia. Si sa mère vient lui rendre visite une fois par mois, il ne verra son père qu’une fois en 15 ans. Renvoyé du couvent, Julian s’engage dans la Marine en Galice.
31 décembre 1965 : Julian fait la rencontre de Victoria. Ils se marient et partent à Paris refaire leur vie. Julian, un être violent lorsqu’il boit, occupe le poste de gardien du théâtre de la Michodière où la famille occupe un petit logement de fonction, alors que sa femme fait des ménages. Maria arrive dans leur vie en 1979.
Les années passent, Maria rencontre au mois de juin 2001 le compositeur et musicien français Robin. Ils se marient une première fois à Las Vegas au Nevada, puis réitèrent leurs vœux à leur retour en France. À la mi-vingtaine, Maria tombe enceinte. Adam naît, suivi d’une fille.
Le reste vous appartient. Sachez simplement que c’est en allant consulter une tarologue que Maria se fait dire ceci : « Ton père n’est probablement pas ton père. Ta mère te cache des choses sur ta naissance, Maria. Parle-lui au plus vite. » Le lendemain, elle va voir Victoria et lui demande la vérité.

Quatre ans après nous avoir donné l’inoubliable Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard publie chez Gallimard Qui sait (2022). Est-ce de la même teneur que son précédent ? L’histoire, qui se déroule sur une année, d’un été à un autre, est-elle en partie autobiographique ?
Le titre ne porte pas de point d’interrogation ni d’exclamation. Cela aurait pu être le cas, car Pauline, la narratrice, cherche à savoir à qui fait référence les trois prénoms secondaires qu’elle porte : Jeanne, Jérôme, Ysé. Mais il est difficile d’obtenir des réponses quand on vient d’une famille qui ne dévoile rien – ou si peu – et qui ne revient jamais sur son passé.
« Depuis mes dix-sept ans, j’ai souvent pensé à eux, je me suis demandé de nombreuses fois quelles étaient leurs origines. Les femmes, d’abord. Jeanne. D’où pouvait bien me venir ce prénom, le féminin du prénom de mon père ? Et puis Ysé. Un prénom jamais entendu ni vu ailleurs. Et enfin ce prénom d’homme. Jérôme. Pourquoi donner un prénom d’homme à un bébé fille, quelle drôle d’idée ! » (p. 20)
C’est en allant récupérer sa première carte d’identité à la préfecture de Paris que Jeanne s’est mise à se poser des questions. Elle a aujourd’hui 30 ans, vit en couple avec une femme jamais nommée et mettra au monde l’an prochain leur enfant.
Pauline va grappiller des renseignements auprès de ses grands-parents maternels, d’une tante, d’Émile, de Maxence, de sa mère… mais pas que, car même Paul Claudel s’invite avec sa pièce de théâtre Le Partage de midi (1905) – qui fait partie de ses recherches aux proportions obsessionnelles. D’ailleurs, pourquoi ce texte en particulier ?
En arrêt de maladie à la suite d’un triste événement qui l’a fragilisé, Pauline décide de se rendre à Sousse, en Tunisie, après avoir obtenu des renseignements concernant l’un de ses prénoms. Ce déplacement sera-t-il à la hauteur de ses attentes ? Une fois de retour en France accompagnée de Tutu, un chat aveugle trouvé dans les rues de Tunis – ce qui ne fait pas du tout le bonheur de sa compagne –, elle passe du temps au cimetière du Montparnasse, situé à dix minutes à pied de leur appartement. Que va-t-elle y faire ? Pauline va ensuite suivre des cours de danse, avant de s’installer pour l’été dans un petit village. Elle veut prendre du temps pour écrire. Sur quoi ? Sur qui ? Écriture libératrice ? Est-ce que tous ces va et vient lui seront d’une aide quelconque ?
J’avais très hâte de retrouver la plume de Pauline Delabroy-Allard, mais j’ai trouvé que la dernière des trois parties traînait en longueur. Cela n’enlève rien à la qualité d’écriture de l’écrivaine trentenaire ni à son sens de l’observation et du détail, mais disons que j’ai été moins séduite par cette proposition que ce ne fut le cas pour son premier roman paru en 2018.
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Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,

Marie-Anne