Perron, Marie-Chantal

Un tout petit roman qui comporte de magnifiques pages pleines de sensibilité, qui va droit au cœur. Belle-maman d’une jeune Prunelle de 10 ans, la fille de son chum, Marie sent que la fin de la relation approche.

Quitter le père ne devrait pas dire quitter sa fille à laquelle Marie s’est attachée de belle façon. Leur complicité est si formidable, l’une et l’autre s’apportent énormément. Mais cette séparation devra se faire. Comment sera-t-elle vécue ?

Marie-Chantal Perron nous fait vivre de l’intérieur les froissements des êtres de façon poétique, vibrante, vivante. Une lecture qui m’a beaucoup touchée. J’ai apprécié l’écriture imagée et innovante. De jolies illustrations de Geneviève Roissy-Boivin complètent l’œuvre.

Membre : Laval-Vimont

Perron, Marie-Chantal. Les Douze mois de Marie, Éditions Mains libres, 2022, 124 pages.

O’Neill, Heather

Un style qui ne m’a pas accroché, trop fantaisiste, mais intéressant pour le côté féministe.

Marie-Antoine est une jolie blonde, riche, adulée par son père, propriétaire d’une raffinerie de sucre. Ils vivent dans le Mile doré de Montréal. Elle rencontre Sadie Arnett, bien éduquée, qui habite à côté, mais qui est désargentée.

On côtoie le Mile sordide, quartier industriel où la misère est constante. L’amitié entre les deux sera fulgurante, mais destructrice.

Il est question de révolution des femmes, des conditions industrielles insoutenables, d’égos surdimensionnés. Lecture échevelante.

Titre original : When we Lost our Heads

Membre : Laval-Vimont

O’Neill, Heather. Perdre la tête, Éditions Alto, 2022, 504 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Myre, Suzanne

Christian Granger veut être un écrivain reconnu ; il a publié Né décoiffé. Le critique littéraire le plus lu n’a pas été tendre avec ce premier livre.

Rentier par l’héritage de son père, abandonnant son travail dans une bibliothèque et laissé par Corinne, son amie de cœur, il lit par hasard une annonce dans une revue chez son voisin dont il garde l’appartement : « Vous êtes en panne d’inspiration ? Votre œuvre n’avance pas comme vous le souhaiteriez ? Vous avez besoin d’un coup de pied que vous êtes incapable de vous assener par vous-même ? Notre Sanatorium pour auteurs désespérés est la solution. En plein cœur des Laurentides, à une heure trente de Montréal dans un endroit isolé où rien ne viendra vous interrompre ni rompre votre mission : ne pas vous laisser sortir de chez nous tant que vous n’aurez pas amorcé votre prochain chef d’œuvre. » Aussitôt, il téléphone.

Suzanne Myre nous fait un portrait hilarant des résidents de ce sanatorium des écrivains. Dès leur arrivée, ils devront se renommer d’un nom d’écrivain connu : Daphné, Edgar, Lewis. Tous les résidents sont là pour trouver ou retrouver leur inspiration par des ateliers, un changement d’air ou en faisant des rencontres de personnes ayant les mêmes intérêts pour l’écriture.

J’ai vraiment trouvé le propos original et me suis beaucoup amusée à la lecture de ce roman dont l’autrice, par son talent d’écriture, nous a croqué des scènes désopilantes. Elle m’a donné envie de me rendre à ce sanatorium… s’il existe.

Membre : Christine, Duvernay (Laval)

Myre, Suzanne. Le Sanatorium des écrivains, Éditions L’Instant même, 2022, 280 pages.

Éthier, Catherine

L’auteure a un style sarcastique fort intéressant. On croit que c’est un livre heureux, mais l’histoire tourne autour de sujets sérieux : la santé mentale, les préjugés, le suicide, etc.

Catherine Éthier est habile à nous faire rire. Un roman atypique rempli d’humour noir.

Sombre, émouvant, drôle. Bonne lecture !

Abonnée : bibliothèque Germaine-Guèvremont

Éthier, Catherine. Une femme extraordinaire, Éditions Stanké, 2022, 302 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Farah, Alain

Un des coups de cœur de cette saison littéraire québécoise ! Alain Farah nous livre dans cette œuvre, une visite marrante au sein d’une famille libanaise de confession chrétienne, dont les parents ont immigré à Montréal dans les années 70.

L’auteur prend un événement, celui de la noce de son protagoniste éponyme, pour tisser son conte, embarquant des fils ici et là pour réaliser un jacquard d’histoires qui réchauffe le cœur. Farah est indéniablement un bon conteur qui sait ravir son public avec son humour subtil.

Pour ce qui est style, le livre est écrit dans une langue du quotidien sans fard ni fioritures et porte bien la voix du narrateur. C’est comme si l’auteur se racontait à des amis intimes.

Charmant et drôle qu’il est, le roman n’est cependant pas sans défauts. Par endroits, Farah ne va pas assez loin et, à d’autres moments, il verse un peu dans la mièvrerie ou la caricature.

Tout compte fait, il faut admirer Alain Farah pour avoir réussi à écrire un roman de notre époque sans aucune référence sexuelle ni érotique. L’amour reste très pudique comme au bon vieux temps et ce sont les vraies relations humaines qui priment. Cela fait la force de Mille secrets mille dangers.

Membre : Nacha, Montréal

Farah, Alain. Mille secrets mille dangers, Éditions Le Quartanier, 2021, 498 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Ouellette, Francis

Mélasse de fantaisie est une lecture poignante, captivante. L’auteur nous plonge dans la réalité des années 60-70 dans le Centre-sud de Montréal, appelé à l’époque le Faubourg à m’lasse.

Une lunette grossissante du quotidien de la vie tumultueuse d’un jeune enfant unique, élevé par une mère monoparentale menant une vie de prostituée et de consommatrice de drogues illicites et d’alcool.

L’écriture est dure, enfantine, qui traduit de façon parfois choquante cette invraisemblable réalité. Malgré ce portrait, il se crée des liens d’amitié et de confiance : le lecteur s’attache à ces personnages haut en couleurs.

Une lecture qui m’a hantée quelques jours après l’avoir terminée. Une recommandation…

Membre : Josette G. de Montréal

Ouellette, Francis. Mélasse de fantaisie, Éditions La Mèche, 2022, 224 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Farah, Alain

Un excellent roman. Qui met en tension deux forces contradictoires : l’une poussant au désordre, l’autre cherchant à remettre en ordre le monde (intérieur). Il y a là un signe puissant de notre époque qui a demandé à l’auteur un travail considérable sur la forme, auquel j’ai été très sensible.

Un roman, aussi, qui nous parle de la condition immigrante, de la maladie, de la souffrance, de la difficulté de communiquer. Et de la mort. À ce propos, remarquons que toutes les sous-histoires racontées ici viennent habilement s’emboîter dans l’histoire principale, qui est celle de la journée de mariage du narrateur, sauf une : celle de la mort de Myriam ; la mort demeure irréductible, inassimilable.

Il me semble que la lecture de ce roman autobiographique peut faire de nous de meilleures personnes.

Membre : S. de Montréal

Farah, Alain. Mille secrets mille dangers, Éditions Le Quartanier, 2021, 498 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Luca, Françoise de

Un bon roman. Dans la première moitié de la première partie, rythme lent. Puis, dans la deuxième moitié, le rythme s’accélère avec la guerre. Observations psychologiques très justes. Récit bien mené, quoique de construction conventionnelle.

L’idée d’y insérer les lettres jamais reçues de Solange produit un effet dynamique en alternant les points de vue et nous donne un accès direct à la jeune fille à la tresse. Une belle histoire d’amitié.

Une histoire, aussi, qui entre en résonance avec l’actualité : « Un chapeau, elle le sait, ce n’est pas neutre. Il n’y a pas un autre accessoire qui touche autant à l’identité, à l’expression de la personnalité. Elle sait qu’il peut devenir une arme parce qu’il symbolise une forme de pouvoir. »

Première fois que je vois ainsi posée dans un roman la question du courage : « Car c’est autour du courage que tourne la question. Pourquoi certains acceptent-ils la situation et d’autres pas ? Pourquoi certains osent-ils et d’autres détournent-ils la tête ? »

Membre : S. de Montréal

Luca, Françoise de. La Jeune fille à la tresse, Éditions Marchand de feuilles, 2022, 301 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Lavoie, Marie-Renée

Après Autopsie d’une femme plate (2017) et Diane demande un recomptage (2020) Marie-Renée Lavoie nous offre, pour notre plus grand plaisir, Boires et Déboires d’une déchicaneuse (2022).

Oui, Diane accepte un poste de cette envergure dans une entreprise. Elle mettra en œuvre ses nombreux talents afin de résoudre habilement les conflits.

Diane met au pas les employés qui peuvent l’être et mettra à pied les autres.

L’auteure a une écriture pétillante, des dialogues passionnants et un humour unique en son genre.

Ce livre fait grand bien. Bonne lecture !

Abonnée : bibliothèque Germaine-Guèvremont

Lavoie, Marie-Renée. Boires et Déboires d’une déchicaneuse, Éditions XYZ, 2022, 256 pages.

Tremblay, Michel

Quels fabuleux personnages que ceux décrits et racontés par Michel Tremblay ! La Shérérazade des pauvres évoque les années fastes (1960-1970) des travestis de Montréal, en particulier celles où Hosanna tente de s’intégrer à cette faune bigarrée.

Reclus depuis 50 ans dans son appartement miteux de la Plaza Saint-Hubert, Claude Lemieux, alias Hosanna, reçoit un jeune journaliste gai, avide de connaître cette époque glorieuse en vue de publier un article dans la revue Fugues.

Ainsi, seront dévoilées la recherche effrénée de l’amour, véritable hantise d’Hosanna, la renommée qu’elle cherche à atteindre, les trahisons dont elle est victime, la déchéance dans laquelle elle sombre et la terrible solitude qui l’accable.

Une langue savoureuse, une histoire troublante où foisonne tout un monde de laissés-pour-compte que forment ces travestis, à la fois émouvants et truculents.

À travers les propos d’Hosanna et les questions du journaliste, des problèmes actuels surgissent : sida, homophobie, COVID, phénomène des non-genrés, rapports jeunesse-vieillesse et… vieillir dans les années 2020.

Du grand Michel Tremblay dont je recommande fortement la lecture !

Membre : Colombe, Ville de Québec

Tremblay, Michel. La Shéhérazade des pauvres : roman à bâtons rompus, Éditions Leméac, Actes Sud, 2022, 150 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

David, Michel

Michel David, auteur prolifique, nous fait revivre le quotidien des gens ordinaires du Plateau Mont-Royal durant les années 40.

Deux familles que tout oppose. L’union forcée de Jean Bélanger et de Reine Talbot les fera vivre ensemble pour le meilleur et pour le pire. Les tensions deviennent fréquentes au sein du couple meurtri par le mensonge.

Les dialogues sont faibles et les descriptions banales. Ce livre s’adresse, sans doute, aux nostalgiques de cette époque.

Je m’explique difficilement la vente d’un million d’exemplaires ? Bonne lecture !

Mensonges sur le Plateau Mont-Royal. 1, Un mariage de raison (2013).
Mensonges sur le Plateau Mont-Royal. 2, La biscuiterie (2014).

Abonnée : bibliothèque Germaine-Guèvremont

David, Michel. Mensonges sur le Plateau Mont-Royal, Éditions Hurtubise (édition intégrale), 2013 et 2014, 1188 pages.

Patsauq, Markoosie

C’est un récit de ces nomades inuit depuis plusieurs générations, chasseurs dans l’Antarctique plus précisément sur le territoire du Nunavik dans la province de Québec.

Chasseur au harpon raconte qu’un ours blanc est venu attaquer et a éviscéré cinq chiens sans toucher aux hommes. Ces derniers ont constaté que cet ours était contaminé par des vers ; ils se doivent de le poursuivre pour l’abattre pour éviter une contamination aux autres animaux et ainsi qu’à la viande dont ces Inuits se nourrissent.

Un adolescent, Kamik, a assisté à la scène de l’attaque de l’ours blanc. Ce dernier a été blessé à la patte arrière par son père avec son harpon, mais malheureusement il a succombé à ses profondes blessures. Ce jeune et sept autres Inuits partent alors sur les traces de cet ours malade et dangereux.

Cette histoire met en scène l’immense et mémorial combat que ces hommes et ces femmes doivent livrer pour leur survie.

Entre ses vols d’aviateurs, l’auteur a transposé par écrit ce que ses aïeux lui ont raconté.

Ce livre est le deuxième roman de la littérature autochtone au Canada. J’ai beaucoup aimé ce récit épique. Markoosie Patsauq est décédé dans sa communauté d’Inukjuaq, dans le Nunavik, en 2017.

Titre original : Uumajursiutik unaatuinnamut

Membre : Josette G. de Montréal

Patsauq, Markoosie. Chasseur au harpon, Éditions du Boréal, 2021, 120 pages.

Jean, Michel

Trois jeunes, Virginie, Marie et Charles, sont envoyés par avion à un pensionnat dans le nord de la province de Québec dans le but de « les éduquer » mais, en réalité, on tente de tuer l’Indien en eux.

Soixante-dix-sept ans plus tard, une jeune avocate montréalaise essaie de comprendre ce qui s’est réellement passé face au mystère de ces trois adolescents qui seraient disparus, selon les rapports.

Une histoire d’amour et d’amitié pour contrer la violence de leur environnement.

L’auteur sait trouver les mots justes pour nous tenir en haleine et nous rendre empathique auprès de ces personnages. J’ai profondément aimé cette lecture remplie de réalisme et d’incompréhension de la part des autorités religieuses de l’époque.

Le vent en parle encore est une réédition d’un des premiers romans de Michel Jean où il est question des pensionnats autochtones en régions éloignées.

Membre : Josette G. de Montréal

Jean, Michel. Le vent en parle encore, Éditions Libre Expression, 2013, 237 pages.

O’Neill, Heather

« Enfant gâtée et charismatique d’un baron du sucre, Marie Antoine est la reine des gamins du Mile doré. Jusqu’à ce jour de 1873 où elle fait la rencontre de la sombre et brillante Sadie Arnett. Elles se lient d’une amitié tumultueuse qui les poussera vers des jeux de plus en plus dangereux, au point où on jugera nécessaire de les séparer. » On suit donc leur parcours. « Marie Antoine recherche le plaisir et le luxe, tandis que Sadie plonge dans un Montréal misérable et malfamé. […] Toutes deux joueront un rôle inattendu dans les événements qui bouleverseront leur ville. »

Je n’en dis pas plus, car cette histoire est captivante, pleine de rebondissements et les personnages secondaires sont aussi importants et intéressants.

Heather O’Neill fait partie des écrivaines dont j’achète tous les livres. À chaque nouvelle parution, je deviens fébrile. J’adore son imaginaire qui nous fait voir la réalité tragique de la vie et la force des humains.

Dans Perdre la tête, elle explore les questions de genre et de pouvoir, de sexe et de désir, d’une amitié forte et terrible. Il faut lire ce roman, car il est exceptionnel !

Titre original : When we Lost our Heads

Membre : CestDoris

O’Neill, Heather. Perdre la tête, Éditions Alto, 2022, 504 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Desjardins, Martine

« On la surnomme Méduse. […] Elle marche tête baissée, le visage caché derrière ses cheveux, pour épargner aux autres la vue de ses Difformités. […] Chassée du foyer familial, Méduse est enfermée à l’Athenaeum, un institut pour jeunes filles malformées, qui se dresse sur les bords d’un lac infesté de méduses. Dans les abysses de cet endroit lugubre, où les bienfaiteurs s’adonnent à des jeux cruels avec leurs protégées, elle découvre peu à peu les prodigieuses et redoutables facultés de ses Révoltances. (Quatrième de couverture)

Je suis restée sous le choc de cette histoire horrifiante et tragique. Tout se joue dans la métaphore. Un roman d’acceptation de soi et de la libération de la honte du corps.

J’étais tellement prise par ce récit et par l’imaginaire de l’autrice que j’en ai oublié la qualité exceptionnelle de son écriture.

Membre : CestDoris

Desjardins, Martine. Méduse, Éditions Alto, 2020, 210 pages.

Luca, Françoise de

Tiré d’une histoire vraie. Quelques années avant la Seconde Guerre mondiale, deux jeunes filles tombent en amitié ! Lili est plutôt timide, vient d’un milieu populaire, moins aisé que celui de Solange, cette fille lumineuse, avec un côté rebelle mais enveloppante. Sa famille accueille Lili à bras ouverts et un nouveau monde s’ouvre à elle.

La guerre s’annonce et beaucoup de changements les bouleverseront, car Solange est juive. On se replonge dans cette tragique période historique qui nous prend toujours aux tripes. Une amitié solide qui traverse les épreuves. Un regard sur la vie des jeunes gens de cette époque. Prenant !

Membre : Laval-Vimont

Luca, Françoise de. La Jeune fille à la tresse, Éditions Marchand de feuilles, 2022, 301 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Scali, Dominique

Nous sommes sur l’île d’Ys, avec son peuple de riverains, de citadins ou de terriens. Un peuple coloré et puissant dans ses valeurs.

Danaé Bérrubé-Portanguen, dite Poussin, est la seule à savoir nager. D’où vient cette orpheline ? Quelle est l’influence de la mer sur le quotidien de Danaé et sur celui de ce peuple ? Sur cette île, les terriens se vantent d’être marins et tous rêvent d’être convoqués pour devenir citadins. Pourquoi ? Quelles sont les avantages qu’offre la ville à ce peuple ? Quels sont les critères retenus pour admettre une personne comme citadin ? Qui sont les gens décideurs ou membres du jury ? Cette histoire se déroule après le massacre des premiers hommes. Pourquoi ce massacre et qui étaient les premiers hommes ?

Danaé nous entraîne dans un récit épique sur cette île. Elle nous présente les hommes de sa vie soit le duelliste, le prince voleur, le prince joueur, le prince nageur et le bâtisseur.

Chacune de ces rencontres révèle une partie de cette femme généreuse, solitaire, à la limite féministe.

Chacune de ces rencontres bouscule Danaé et l’oblige à intégrer des leçons de vie.
Chacune de ces rencontres ramène Danaé à ce qu’elle est ! Que lui apprennent ces hommes ?

Les habitants de cette île désirent accomplir un exploit qui leur permettront d’être admis comme citadin. Que doit-on faire pour être convoqué lors de la sainte rotation ? En quoi est-elle constituée ? Qui choisit les gens ? Que propose la cité afin d’améliorer le sort des admis ? Quel sont les jeux de pouvoir mis en place ? Qui sont les sont citadins et quels sont leurs droits ? Comment devenir une invitée dans cette cité ? Est-elle plus prospère que ne le croient les habitants de l’île ?

Quel coup de cœur que ce roman ! Quels beaux moments offerts durant ces 709 pages de lecture. Danaé est attachante. Les personnages sont transparents et habilement présentés. Chacun nous accueille dans son monde, dans les particularités de son univers. La narration est claire, les personnages multiples sont amenés simplement ; leur arrivée dans l’histoire ajoute un élément spécifique sans alourdir le texte. Les marins ne savent pas nager est à découvrir et à savourer !

Membre : Pierre, Saint-Jean-sur-Richelieu

Scali, Dominique. Les marins ne savent pas nager, Éditions La Peuplade, 2022, 709 pages.

Vanier, Lyne

Camille Aubry termine son doctorat en psychologie ; elle côtoie ses patients avec beaucoup d’ardeur et d’empathie.

Un drame arrive à l’une de ses patientes, ce qui va raviver une douleur jamais complètement guérie, une perte incommensurable. Mais la vie a mis sur son chemin un jeune voisin de neuf ans qui compte sur son soutien. Ses amis proches la connaissent bien et forment un cocon chaleureux qui l’entoure.

Un roman psychologique bien écrit et qui s’adresse au cœur.

Membre : Laval-Vimont

Lyne, Vanier. Les Grands chavirements, Éditions Guy Saint-Jean, 2022, 296 pages.

Tremblay, Michel

Durant ces pages, nous allons à la rencontre d’Hosanna. Cloîtré dans son appartement depuis 50 ans, cet ex-travesti reçoit la visite d’un journaliste désirant faire une entrevue pour la revue Fugues. Hosanna s’est confiné dans ses objets et ses souvenirs, il ne désire pas revenir dans ce passé tourmenté.

L’entrevue qui devait durer une heure se transforme en rencontre qui s’échelonne sur une semaine. Les conversations traitent du présent affecté par une pandémie et on y parle, entre autres, de solitude. Durant les entretiens, Hosanna plonge dans son passé et nous livre sa lecture des événements. Une intimité se développe entre ce journaliste, qui croyait rencontrer ce personnage pendant un court moment, et Hosanna, qui hésite devant les souvenirs à livrer.

La Shéhérazade des pauvres se lit avec délectation. Un personnage qui s’abandonne avec crainte. Un livre qui parle de solitude, d’espoir, de déception et de la vie. Un roman à lire !

Membre : Pierre, Saint-Jean-sur-Richelieu

Tremblay, Michel. La Shéhérazade des pauvres : roman à bâtons rompus, Éditions Leméac, Actes Sud, 2022, 150 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

Fortier, Dominique

Je ne suis pas amateur de poésie. Je ne connais donc pas Emily Dickinson. Je ne connais en fait, plus justement, que l’Emily Dickinson de Dominique Fortier telle que dépeinte dans son merveilleux Les Villes de papier.

Malgré mon enthousiasme à la lecture de son œuvre précédente, auréolée du prix Renaudot 2020, j’entreprenais la lecture des Ombres blanches avec une certaine réserve, celle de se voir servir une autre suite d’une œuvre originelle couronnée de succès. Le sentiment qu’un livre, un film, un album, surfe sur la vague du succès précédent. C’est rarement aussi bon ! Mais la magie littéraire de Dominique Fortier opère encore magnifiquement.

Dans le respect des faits historiques associés aux contributions des membres de la famille et des principaux protagonistes dans la publication posthume des poèmes d’Emily Dickinson, l’autrice crée une œuvre romanesque toute empreinte des dynamiques familiales (bourgeoises) et sociales d’un petit village de Nouvelle-Angleterre de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le livre met bien en valeur le talent singulier de la poétesse décédée à 55 ans, plusieurs poèmes servant d’ancrage aux états d’âme de ses proches.

Mais grâce au talent de Dominique Fortier, à la finesse de son écriture, à sa capacité de traduire en belles réflexions bien ciselées plusieurs propositions philosophiques sur le deuil, la mort, la beauté et la plénitude de la nature, Les Ombres blanches nous plonge dans une intrigue familiale dont les composantes, les conventions et les motivations sont souvent intemporelles et universelles.

Je sors à nouveau comblé de la lecture d’un livre de Dominique Fortier, mon ravissement totalement lié à son talent à nous transporter dans un univers de réflexion sur la nature, la spiritualité et le sens de la vie, en cette époque où nous assistons au dérèglement de l’équilibre planétaire.

Membre : Daniel de Repentigny

Fortier, Dominique. Les Ombres blanches, Éditions Alto, 2022, 244 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.