Boisvert, Lili
En tant que vieillard de 80 ans, on comprendra facilement que je ne constitue pas le public cible de ce livre, que j’ai trouvé par hasard dans la bibliothèque de la RPA où je demeure maintenant, et que j’ai lu par curiosité pour le titre dont j’ignorais le sens.
Comme l’auteure nous l’explique en quatrième de couverture, le cumshot est une expression extrêmement vulgaire employée dans l’industrie du film pornographique. Ce titre est inutilement racoleur, car le livre ne traite pas vraiment de ce sujet, même s’il porte sur les relations entre les hommes et les femmes, notamment au plan sexuel.
Personne ne niera que, malgré les progrès des dernières décennies, notamment au Québec, l’égalité totale entre les sexes n’est pas atteinte. D’entrée de jeu, Lili Boisvert explique qu’elle ne traite que de la civilisation occidentale, la seule qu’elle connaît.
Pour l’auteure, cette situation d’inégalité ne peut, en aucune façon, s’expliquer par la biologie ou la nature. C’est donc un fait strictement culturel, une théorie qui se défend et qui mérite d’être débattue. Sa thèse, c’est que la civilisation occidentale impose depuis des siècles des rôles stéréotypés aux hommes comme aux femmes, au point que ces stéréotypes sont tellement intégrés par les uns et les autres qu’ils sont tenus pour indiscutables.
Par exemple, les femmes devant séduire, elles s’imposent des contraintes vestimentaires (maquillage, talons hauts, etc.) que les hommes n’ont pas besoin de subir. Autre exemple : les femmes s’intéressant davantage aux qualités intellectuelles et aux succès financiers des hommes, ceux-ci n’ont pas à se préoccuper de leur apparence, ce qui explique le look débraillé de nombre d’entre eux.
L’ouvrage s’appuie sur un bon nombre d’études, principalement états-uniennes, dont je ne peux juger de la pertinence ou de la reproductibilité, donc de la validité. Il m’apparaît cependant que certains énoncés sont pour le moins questionnables. Ainsi, selon l’auteure, la société refuserait que les femmes puissent déambuler la poitrine nue, au motif que cela supprimerait pour les hommes l’érotisme relié aux seins, énoncé qui occulte d’autres facteurs comme le rôle du puritanisme dans la société des États-Unis. De plus, de nombreux exemples soutenant les propos de Lili Boisvert proviennent de séries états-uniennes, comme Sex in the City, qui répondent aussi à des motifs financiers autant sinon plus que sociaux.
Le postulat de l’auteure est pertinent, mais à mon humble avis la démonstration est faible. De plus, elle occulte le fait que dans de nombreux pays, les femmes sont encore bien moins considérées qu’en Occident. On peut parler ici de l’excision des fillettes en Afrique, de la lapidation des femmes adultères en Arabie ou des mariages forcés en Inde, etc.
Membre : Pierre, abonné de la bibliothèque Germaine-Guèvremont
Boisvert, Lili. Le Principe du cumshot : le désir des femmes sous l’emprise des clichés sexuels, VLB éditeur, 2017, 250 pages.