Bonjour à vous toutes et à vous tous,
Née en Belgique en 1980, Sophie Bienvenu prend racine au Québec en 2001. Depuis qu’elle s’est mise à l’écriture, elle vogue de succès en succès. Comment oublier Et au pire, on se mariera (2012), Chercher Sam (2014) ou encore Autour d’elle (2016) ? L’écrivaine nous offre aujourd’hui J’étais un héros (Le Cheval d’août, 2022), aussi tord-boyaux que les trois autres.
« À part pour mon père, qui ne s’est jamais intéressé à mon existence, j’étais celui qui portait les espoirs de réussite de la famille. » Celui qui parle ainsi est le narrateur, Yvan Langlois, un alcoolique de 62 ans, père de Gabrielle (Gab). Il vient de se faire dire par un médecin que s’il continuait à boire, il risquait de passer de l’autre côté assez rapidement. « J’ai pas bu une goutte depuis mon séjour à l’hôpital, où ils m’ont sevré contre mon gré, pour que je survive, contre mon gré. Ce qui m’attend est flou et en même temps c’est comme si un chemin s’ouvrait devant moi. J’ai toujours vécu au hasard, en versant le plus d’alcool possible sur mes plaies pour les soigner ou les endormir. »
Si Gab, 37 ans, a gardé contact avec Jeanine, sa mère – qui est maintenant en couple avec Trevor avec qui elle habite à Saint-Lambert, elle a coupé les ponts avec son père depuis 18 ans. Elle était pourtant très proche de lui, mais un jour, elle en a eu marre de toutes ses promesses non tenues, de ses cachotteries, de ses mensonges. D’ailleurs, s’il la revoit, lui dira-t-il la vérité au sujet de sa maladie ? Est-il lâche ou incapable d’assumer sa situation ? A-t-il besoin d’alcool pour fonctionner et affronter la vie ?
Yvan et Michelle (Miche) Lamoureux sont, depuis dix ans, colocs et même un peu plus, car il leur arrive de coucher ensemble. Il la hait autant qu’il la supporte : leur relation est faite de hauts et de bas. Professeure en congé de maladie depuis six ans, Miche passe ses journées à boire, à écouter de la musique et à regarder des séries à la télévision. Elle est convaincue qu’elle peut le sauver, du moins l’aider à se débarrasser de son addiction. Elle est même prête à laisser tomber la bouteille pour lui faciliter la tâche ! Yvan n’est pas toujours tendre avec les femmes, particulièrement avec Miche ; mais au fond, c’est un bon bougre qui ne sait comment jongler avec les codes de la vie.
Il n’y a que trois choses qui ont de l’importance à ses yeux : il aime sincèrement sa fille, la musique et son chat sans nom et avec une moitié de queue, trouvé dans une poubelle d’une ruelle à Montréal.
Pourquoi rejette-t-il ceux et celles qui tentent de lui venir en aide ? De quoi a-t-il peur ? Yvan se voit comme un raté, un moins que rien. A-t-il les outils nécessaires pour s’en sortir, pour remonter à la surface ? Le veut-il vraiment ou préfère-t-il couler ?
Yvan réussira-t-il à reprendre contact avec Gab qui est maintenant en couple avec Marcus Hill, un ancien joueur de hockey ? Si oui, lui pardonnera-t-elle ? La réconciliation est-elle possible ? Peut-on accorder une seconde chance à quelqu’un qui nous a si souvent déçus, pour ne pas dire trahis ? Les cicatrices étant nombreuses, y a-t-il un remède assez puissant pour panser les plaies ?
Le style de Sophie Bienvenu est toujours aussi reconnaissable et imagé. Pour preuve : « […] Marcus avait tellement l’air de s’ennuyer de son flo que j’ai eu pitié. Je connais le feeling, il creuse des trous dans ton ventre avec une cuillère à melon. À la longue, il te reste plus de chair. » (p. 79)
Comme nous sommes toutes et tous à un moment donné confrontés à faire des choix, Sophie Bienvenu a échafaudé deux trajectoires possibles qui dépendront de la décision qu’Yvan prendra. À partir de là, l’avenir de ce père de famille s’ouvrira ou se refermera…
Il est rarissime que je commente un livre que je n’ai pas terminé ni apprécié, mais comme il s’agit du dernier Laurent Gaudé, écrivain que je lis depuis son premier titre, je voulais vous faire connaître mon opinion.
Le titre m’intriguait : Chien 51 (Actes Sud, Leméac, 2022), moins son sujet, n’ayant presque jamais lu de romans dystopiques. Ce n’est pas un genre qui m’intéresse et je me perds très facilement dans l’intrigue. J’ai donc arrêté ma lecture à la page 100 d’un ouvrage qui en comporte 292. Peut-être vais-je regretter de ne pas avoir persévéré, mais comme je m’ennuyais, j’ai repensé à ce que disait Anatole France : « La vie est trop courte. Proust est trop long. »
Une fois la Grèce rachetée par une multinationale, des milliers d’Athéniens décident de fuir. Ce n’est sûrement pas fortuit de la part de Gaudé de situer les prémices de son roman dans ce pays considéré comme le berceau de la civilisation occidentale car, souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps encore, il était au bord de la faillite. Zem Sparak fait partie des privilégiés qui ont pu se rendre jusqu’au port du Pirée, puis monter à bord d’un navire qui l’a conduit à Magnapole. Il n’avait que 24 ans, sa vie venait de basculer.
Trois décennies plus tard. « C’est dans une salle sombre, au 3e étage d’une boîte de nuit fréquentée du quartier RedQ, que Zem Sparak passe la plupart de ses nuits. Là, grâce aux visions que lui procure la technologie Okios, aussi addictive que l’opium, il peut enfin retrouver l’Athènes de sa jeunesse. Mais il y a bien longtemps que son pays n’existe plus. Désormais expatrié, Zem n’est plus qu’un vulgaire “chien”, un policier déclassé fouillant la zone 3 de Magnapole sous les pluies acides et la chaleur écrasante. » (Quatrième de couverture)
Si Chien 51 est porté au cinéma, j’irai voir le film, car les images projetées faciliteraient peut-être ma compréhension d’un univers qui m’est totalement étranger et dont je ne saisis pas les codes.
Si ces quelques lignes vous intriguent, alors ce roman est pour vous. Pour ma part, je vais attendre avec grand bonheur le prochain Laurent Gaudé, celui-là même qui nous a offert de très beaux romans : Le Soleil des Scorta (prix Goncourt en 2004), Eldorado (2006), La Porte des Enfers (2008), Ouragan (2010), sans compter son théâtre, ses essais, ses nouvelles…
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Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,

Marie-Anne