Bonjour à vous toutes et à vous tous,

Dès la première ligne, j’ai adoré le roman de Viola Ardone, Le Choix / Oliva Denaro (2021, 2022, Albin Michel) : « Une fille, c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère. »
Celle qui s’exprime ainsi a 15 ans en 1960. Elle s’appelle Oliva Denaro. Elle est la fille de Salvo et d’Amalia Denaro. Oli’, comme on la prénomme, habite le village de Martorana avec son père sicilien, sa mère calabraise, son frère jumeau, Cosimino, et leur sœur aînée, Fortunata – qui n’a de fortune que le nom, obligée qu’elle sera d’épouser le neveu du maire, Gerò Musciacco.
Oliva est « pour » ou « contre » certaines choses. Par exemple : « Les veuves, je suis pour, parce qu’elles n’appartiennent qu’à elles-mêmes. » (p. 47) Elle est aussi pour le silence. Ça tombe bien, car son père est un homme de peu de paroles. La plupart du temps, quand on lui demande de poser un geste ou de s’exprimer sur un point précis, il répond invariablement : « Je ne préfère pas. » Par contre, il est tout à fait en faveur, même si ce n’est pas courant dans ces années-là, qu’Oliva, qui a de bons résultats scolaires, poursuive ses études pour qu’elle devienne une femme indépendante.
Salvo n’a pas de travail officiel. Il passe la majeure partie de son temps dans le potager à cultiver des plants de tomates, à chasser les escargots à des fins commerciales et à s’occuper de ses poules. Sa femme, mère au foyer, a des formules toutes faites qu’elle balance à toutes les sauces : « Celle qui n’a pas de mari n’a pas de nom. » L’un comme l’autre ont à cœur le bonheur de leurs enfants, même si leur façon de faire est parfois maladroite et inadéquate.
« Le peu de fois où il parle, mon père s’exprime par énigmes, il n’énonce jamais de règles, contrairement à ma mère », car des règles, il y en a tout plein : sur la femme, le mariage, l’obéissance, les enterrements, le rosaire « égrène ton chapelet, répète les prières et attends que ça finisse »… Savoureux comme tout, on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire !
De son côté, la belle Liliana Calò, jeune fille intelligente et talentueuse photographe, est dans la même classe que son amie Oliva. Bonne élève, elle voudrait faire l’école normale et devenir institutrice, alors qu’à cette époque, le destin de la majorité des femmes est tracé à l’avance : se marier, faire des enfants et obéir à son mari. Liliana réussira-t-elle à ouvrir les horizons d’Oliva ? À la convaincre de venir une fois par mois la rejoindre dans un vieux cabanon où son père, Antonino, le communiste du village, réunit des gens « pour discuter des problèmes de Martorana » ?
Plusieurs personnages secondaires traversent ce roman qui ont tous, à un moment ou à un autre, leur importance : Nellina, la marraine de Fortunata et bonne du curé don Ignazio ; Saro, ami d’enfance d’Olivia et fils de don Vito Musumeci, royaliste comme lui ; Pino Paternò, un bel homme qui a beaucoup de succès auprès de la gente féminine, et dont le père est le propriétaire de la pâtisserie du village ; Scibetta, qui donne des conseils à droite et à gauche et qui souhaite marier le plus rapidement possible ses filles, Nora et Mena ; Franco Colonna, fils unique d’une baronne, pressenti, malgré sa cécité, pour devenir le mari d’Oliva…
Il y a 20 ans, le maréchal Pippo Vitale, ami d’enfance de Salvo, lui a donné de judicieux conseils. Pourra-t-il en faire autant cette fois-ci ? Est-ce que Maddalena Criscuolo, militante au sein de l’Union des femmes italiennes, réussira à aider Oliva pour qu’elle puisse se reconstruire, se libérer de certaines contraintes ?
Parfois, même quand on suit les règles à la lettre, l’infortune frappe à la porte sans qu’on s’y attende, comme le jour où Oliva a eu 16 ans. Plus rien, en ce 2 juillet, ne sera pareil après ce qu’elle nomme « l’événement ». Justice sera-t-elle rendue ? Y aura-t-il une possible réparation ? De quoi sera fait l’avenir de la jeune fille qui, malgré qu’elle soit victime, se sent coupable de causer autant de tort autour d’elle ? Va-t-elle pouvoir retourner aux études et assouvir son rêve de devenir institutrice ? Quand il ne reste plus rien, il reste la dignité, mais à quel prix !
Ah oui ! À la page 286, il y a un joli petit clin d’œil au précédent roman de l’auteure, Le Train des enfants.
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Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,

Marie-Anne