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24 sept 2020

Le Billet de la semaine

Bonjour à vous toutes et à vous tous,

Toute parution de Grégoire Delacourt est attendue impatiemment par son lectorat, dont je fais partie. Encore une fois, j’ai été prise par ces histoires entrecroisées mises de l’avant dans Un jour viendra couleur d’orange (Grasset, 2020) et dont le titre de chaque chapitre porte le nom d’une couleur. Procédé astucieux qui nous met rapidement dans le contexte.

Nous suivons essentiellement le destin de trois familles sur une période d’un an et demi, du début des manifestations des gilets jaunes, en novembre 2018, à l’incendie de Notre-Dame-de-Paris, le 15 avril 2019.

Tous les protagonistes, chacun à sa façon et pour des raisons différentes, revendiquent quelque chose. Par exemple, dans le cas de Pierre Delattre, le mari de Louise et le père de Geoffroy, il réclame, comme il le dit, « juste une vie juste ». C’est pour cela, qu’entre ses heures comme vigile à temps partiel chez Auchan, il revêt son gilet jaune et fait du piquetage avec quelques camarades. C’est alors l’occasion, pour Grégoire Delacourt de revenir sur les moments clés de ces protestations contre le gouvernement d’Emmanuel Macron – jamais nommé, par ailleurs. De plus, Pierre ne comprend ni n’accepte la condition d’autiste de son fils de 13 ans.

Pendant que Pierre se bat pour avoir de meilleures conditions de vie « […] la misère, c’est pas de savoir le prix des choses, c’est de pas pouvoir se les payer », Louise, sa femme, qui est infirmière aux soins intensifs de l’hôpital Thomazeau, se donne corps et âme à son travail. Au fond, n’est-ce pas le même combat : celui de la dignité humaine ?

Autant Louise a appris à voir son fils tel qu’il est, c’est-à-dire un garçon différent de la majorité, autant Pierre ne l’a jamais accepté. Il y a cinq ans, quand le diagnostic d’autisme est tombé, les parents ont pu enfin mettre un mot sur ce qui distinguait Geoffroy des autres enfants, lui qui, à huit ans, demandait à sa mère : « Pourquoi je ne suis pas comme les autres ? » Il a des rituels auxquels il ne faut pas déroger, il est allergique au bruit, refuse de se faire toucher, fait parfois des crises assez impressionnantes, mais il a une intelligence et une mémoire hors du commun.

Outre la famille Delattre, il y a celle des Zeroual. Petite-fille de migrants berbères, Djamila est orpheline de mère. Elle habite dans une cité avec ses deux frères et leur père, Ahmed, qui s’échine à l’usine Chemicals dans la banlieue de Lille. Cette jeune fille de 15 ans, qui n’a pas froid aux yeux, va réussir l’exploit d’approcher Geoffroy, lui qui vit « dans son propre monde ». Réussiront-ils à créer un lien ? L’entourage de Djamila la laissera-t-elle libre de ses faits et gestes ? Ses frères, de plus en plus stricts dans leur pratique religieuse, accepteront-ils qu’elle continue de vivre à l’occidentale ?

Il ne faudrait pas oublier Hagop Haytayan, fils d’immigrants arméniens, dont la famille a débarqué à Marseille six ans après celle des Zeroual. Ce septuagénaire va, dans des circonstances assez particulières, aider Geoffroy et Djamila à se libérer de certaines contraintes.

Un jour viendra couleur d’orange touche à plusieurs sujets d’actualité sans jamais porter de jugements et nous amène à réfléchir sur certains enjeux de société : l’immigration, les revendications politiques et sociales, les différences de classes, la radicalisation, etc. Je suis de celles qui aiment l’œuvre de Grégoire Delacourt. Son style me plaît ainsi que la manière avec laquelle il dit les choses. Un exemple parmi tant d’autres : « Elle [Djamila] avait dit, et c’était une chose à laquelle elle avait beaucoup réfléchi, tenir la main, ça ne veut pas dire qu’on se tient par la main, comme on s’accroche ou se cramponne, ça veut dire qu’on tient à celui dont on tient la main. » (p. 113)


Les Irrésistibles de Marie-Anne ont aussi leur page Facebook. Venez voir !

https://www.facebook.com/LesIrresistiblesDeMarieAnne

En vous rendant sur la chaîne YouTube à l’émission Les Irrésistibles de Marie-Anne, vous pourrez entendre, à chaque semaine, mes commentaires et critiques de théâtre ou d’arts visuels.

Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,


Marie-Anne

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24 sept 2020

Pour toi, Nina

Pontbriand, Claire

Pour toi, Nina

Cette autrice québécoise que je ne connaissais pas, a été une belle découverte. Sa saga sur cinq générations de femmes, dans la région de Sorel, met en scène une quête, pour trouver la vérité concernant un secret de famille. Pourquoi une malédiction semble-t-elle s’acharner sur les femmes de cette famille ?

Difficile d’anticiper comment, en partant d’une vieille photo, ces femmes vont remonter le temps et résoudre ce mystère.

Bien aimé l’histoire et le style ; je lirai d’autres livres de Claire Pontbriand.

Membre : Jacqueline, Terrebonne

Pontbriand, Claire. Pour toi, Nina, Éditions Goélette, 2016, 297 pages.

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24 sept 2020

Guess What !. 1

Abendsen & Ubik

Guess What Manga

Dès les premières pages de ce manga, le décor est planté : on est dans un monde sans pitié où règne la loi de la jungle. D’un côté, la police, les forces de sécurité, les riches et le gouverneur. De l’autre, des pauvres, des civils, des terroristes… et, entre eux, un mystérieux super héros qui défend les droits des plus faibles. Qui sont les bons, qui sont les méchants ? Dans cette société corrompue, difficile de savoir où est la vérité.

Ce premier tome est loin d’être parfait. Côté dessin, rien à dire, il m’a beaucoup plu. Côté scénario, par contre, ça part un peu dans tous les sens, il faut bien le reconnaître. Quant aux deux héros, on peut se poser des questions : l’un n’est armé que d’une simple barre de fer pour affronter mutant, surarmement et surnombre de ses adversaires. L’autre est vendue comme super puissante et douée et se fait battre dès la première confrontation. On ne peut que s’interroger sur la vraisemblance de l’histoire. Mais à côté de ça, on a une critique sociale très bien vue, ancrée dans la réalité même.

Donc, tout n’est pas mauvais. J’ai quand même pris plaisir à lire ce 1er tome, mais j’espère une histoire moins éparpillée et plus logique pour la suite.

Membre : France

Cette suggestion est proposée par un lecteur du Pays de Romans – France, membre du club de lecture Troquez vos Irrésistibles et partenaire du Club Les Irrésistibles des Bibliothèques de Montréal.

Abendsen & Ubik. Guess What !. 1, Éditions Ki-oon, 2020, 202 pages.

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24 sept 2020

Madame Pylinska et le secret de Chopin

Schmitt, Éric-Emmanuel

Madame Pylinska et le secret de Chopin

Éric-Emmanuel Schmitt nous propose avec son roman Madame Pylinska et le secret de Chopin un petit bijou où chaque page m’a fait entendre une petite musique qui m’a tenue captive jusqu’à la fin.

« Le jour de ses neuf ans, bouleversé en entendant sa tante jouer du Chopin, Éric-Emmanuel décide d’apprendre le piano. Interpréter Bach, Mozart, Debussy lui pose peu de problèmes, mais Chopin lui demeure inaccessible : il fait des notes, mais ne retrouve pas la lumière, l’onctuosité, la palpitation affective de cet univers musical. À vingt ans, étudiant en philosophie à l’École normale supérieure, le jeune Parisien prend des cours de piano avec une professeure polonaise, Madame Pylinska. Intransigeante et excentrique, vivant avec trois chats qu’elle a baptisés Rubinstein, Horowitz et Alfred Cortot, elle a de bien étranges manières d’enseigner. » (Wikipédia)

Membre : Jacqueline, Terrebonne

Schmitt, Éric-Emmanuel. Madame Pylinska et le secret de Chopin, Éditions Albin Michel, 2018, 119 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

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24 sept 2020

Sans rien ni personne

Laberge, Marie

Sans rien ni personne Laberge

Marie Laberge m’a surprise avec son roman Sans rien ni personne. Une enquête policière sur un meurtre non résolu, vieux de 35 ans. Et pour cause, aucun indice pour commencer une enquête. Marie Laberge met en scène une inspectrice québécoise et un commissaire qui vient de Paris pour poursuivre l’enquête à partir d’un petit indice fourni par le père de la victime.

Elle nous fait visiter les Îles-de-la-Madeleine, Saint-Pierre-et-Miquelon, le Bas-St-Laurent avec les incompréhensions et les différents parlers régionaux.

On ne peut imaginer la fin, tellement c’est bien mené. J’ai tellement aimé, que rendue au milieu du roman, je n’ai pu le laisser, y passant la nuit.

J’avais lu plusieurs de ses livres, dont Revenir de loin (2010) que j’avais aussi beaucoup aimé.

Membre : Jacqueline, Terrebonne

Laberge, Marie. Sans rien ni personne, Éditions du Boréal, 2007, 433 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

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24 sept 2020

Shuni : ce que tu dois savoir, Julie

Fontaine, Naomi

Shuni Fontaine

Dans la langue innu-aimun, les sons « j » et « l » n’existent pas : Julie se prononce Shuni. D’où le titre de ce bel essai de Naomi Fontaine, où elle s’adresse à une amie d’enfance, non amérindienne. Cette amie, les Innus de Mani-Utenam l’affubleront du prénom Shuni : « Comme longtemps les missionnaires ont francisé les nôtres. Je dis ça sans amertume. Au contraire, lorsqu’ils t’appelleront Shuni, ce sera le signe que les choses ne sont plus comme elles étaient autrefois. Que la relation entre Blancs et Innus n’est plus à sens unique. Et que forcément, grâce à la langue et à la culture que nous avons préservées, nous pouvons offrir des trésors à ceux qui viennent nous rencontrer. Comme un surnom à la sonorité douce. Une forme d’adoption. Une amitié durable. Ou simplement, une main tendue à l’autre. Quelque chose d’aussi doux que la réconciliation. » Cet extrait donne le ton de l’essai, nullement amer ; porté, au contraire, par une douceur, un désir d’amour.

Un essai qui tient à la fois du témoignage, de l’autobiographie et de l’explication ethnologique. Mais c’est le geste politique de prise de parole qui, je crois, donne toute sa force à ce texte, que l’autrice place elle-même dans la continuité de Je suis une maudite sauvagesse, d’An Antane Kapesh. Car si le peuple innu est « peu volubile », il n’en a pas moins des choses à dire : « Peut-être, sans aucun doute, il aura beaucoup à dire, à remettre en perspective, à enseigner à celui qui daignera l’écouter. » Les plaies historiques sont profondes : « C’est le mur où les préjugés nous ont acculés. Et il faudra du temps, de l’espace, de la connaissance pour s’en libérer. » Naomi Fontaine rappelle que les « mots empreints d’amour, de compréhension et d’affirmation peuvent guérir ».

Voilà le mot : affirmation. Affirmation individuelle, oui, évidemment, mais aussi affirmation collective, politique. Un mot que je comprends très bien ; ce sont mes convictions souverainistes qui m’ont ouvert les yeux aux réalités amérindiennes. Comment refuser à ces peuples ce que nous revendiquons pour nous ? Le rapprochement est évident et Fontaine s’en est inspirée : « Aussi improbable que ça puisse être, le nationalisme québécois a forgé mon esprit d’appartenance à ma culture. » Improbable aux yeux des gens qui ont toujours refusé de voir notre nationalisme autrement que comme un repli identitaire ouvrant à la xénophobie. Pour Fontaine, au contraire, « l’affirmation de sa culture précède l’ouverture à l’Autre ».

Cet essai est plus intéressant encore pour ce qu’il nous apprend sur les Innus. J’ai la plus grande admiration pour Serge Bouchard et Rémi Savard, mais les travaux de ces anthropologues ne peuvent se substituer au regard d’une Innue sur son peuple. L’ouverture commence là : écouter ce que les Innus ont à dire (et les Cris, les Atikameks, les Abénakis, les Malécites…).

Naomi Fontaine nous parle des femmes innues, du mot résilience (qu’elle n’aime pas), des questions tendancieuses des journalistes, de la honte (si difficile à surmonter), du suicide, de l’art, de la notion de travail dans la réserve, de la modernité, de l’importance des relations ; autant d’occasions de répondre à certains préjugés. Toujours avec un sens du concret et un désir d’agrandir l’espace mental commun. Je retiendrai particulièrement les quelques pages sur la notion innue du temps, qui n’est pas linéaire, comme chez les chrétiens, mais circulaire, fait de recommencements, et où, par conséquent, l’échec (scolaire, professionnel, amoureux) n’en est jamais un.

Un essai court, mais de grande valeur où, Naomi Fontaine, comme Serge Bouchard, se fait passeuse, intermédiaire. D’ailleurs, une petite phrase montre bien sa posture d’entre-deux. Invitée à donner une conférence à Mani-Utenam, elle écrit : « Pour la première fois, on m’offrait de VENIR rendre compte de mes aspirations, LÀ-BAS, où je suis née. »

Membre : S. de Montréal

Fontaine, Naomi. Shuni : ce que tu dois savoir, Julie, Éditions Mémoire d’encrier, 2019, 158 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

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24 sept 2020

À train perdu

Saucier, Jocelyne

À train perdu Saucier

À Lennoxville, au centre-ville (si on peut ainsi désigner ce qui me semble plutôt être un village), il y a un passage à niveau. Contrairement aux autres conducteurs qui pestent contre le temps perdu à attendre que le convoi se termine, je suis ravie, prenant soin de compter tous les wagons. Me voilà replongée dans mon enfance alors que mon père nous amenait voir passer le train à West Shefford.

Il y avait un concours entre les cinq enfants : le vainqueur serait celui ou celle qui arriverait à compter précisément le nombre de wagons. C’était généralement une de mes sœurs aînées qui gagnait. Pour ma part, je perdais le compte au vingtième wagon, j’étais la benjamine et n’avais que quatre ans. Alors, je fermais les yeux, pour ne pas avoir mal au cœur, et j’écoutais les tremblements intérieurs que faisaient vibrer les plaintes des wagons contre les rails, le sifflement du train ou le touk-e-touk (le bruit que font les roues des wagons à la jonction des rails).

J’adore les trains, tout comme le narrateur de ce roman : « On ne soupçonne pas la puissance de la scansion de l’acier contre l’acier. Une musique que je connais et qui m’habite. Je suis, je l’avoue, un amoureux des trains et c’est d’abord là qu’il faut chercher l’origine de mon égarement. » Un espace de voyage rêveur puisqu’on « n’appartient pas à l’ordre de la pensée quand un train passe, il nous transporte là où on ne va pas en un autre temps. »

Quelle écriture évocatrice que celle de Jocelyne Saucier qui maîtrise décidément l’art de la description !

- Les paysages :
« Les rues en lacis dans les vallons, les maisons blotties les unes contre les autres, tout cela peut être saisi d’un regard circulaire et en prime, de ce surplomb, on peut voir arriver les bouillonnements d’une rivière, la suivre le long d’un parc et puis, juste avant de revenir au point de départ, on peut apercevoir une minuscule église d’un bleu très pâle perchée sur une légère élévation de terrain. Swastika a un charme particulier, une beauté qui s’ignore. »

- Les personnages :
Comme le chef de train : « C’est un homme taillé d’une pièce, pas très grand, mais costaud, sourcils broussailleux, regard pénétrant, qui dégage une énergie concentrée sur le moment présent. […] Il y avait dans sa voix l’odeur de cambouis, le martèlement des outils, le pas lourd des géants de mon enfance allant et venant entre les convois de notre gare à Senneterre. J’étais en pays de connaissance. » Ou ce Parisien qui est trop courtois : « Plus poli que ça, tu t’effaces de la terre » et qui fait preuve de « trop de recherche dans l’habillement : l’écharpe, un veston bien coupé et une chemise jaune safran… jaune safran ! » s’exclame le chef de train.

- Les lieux :
Comme les school trains, des écoles ambulantes qui ont fait le bonheur des enfants de ces régions éloignées. « Une splendeur, ils en parlent encore avec émerveillement : le linoléum sur le plancher, les lambris d’érable vernissés, les rideaux aux fenêtres, la toilette à l’eau, la radio à piles, les lampes Aladin, tout cela brillait d’opulence et de jamais-vu à leurs yeux d’enfants des bois. »

Des personnages rencontrés au fil du périple et de l’enquête, enfants d’une ancienne époque bénie dont on a envie de découvrir le jardin secret, qu’ils « cultivent loin des regards, peut-être même hors de leur propre conscience ».

Pour apprécier ce roman, il faut cependant accepter de nous laisser prendre par la main, car l’auteure nous amène sur plusieurs chemins de traverse aux multiples digressions et égarements, nous distrayant du fil conducteur, celui de comprendre le parcours de Gladys qui a fui son village, qui a pris le train sans autre témoin que le conducteur. « Une femme qui disparaît de sa vie, une femme quelconque, sans hauts faits ni méfaits, vieille au surplus. »

Le narrateur l’avoue lui-même : « Trop de faits accumulés, trop d’anecdotes colligées, trop de trop. Une immense forêt à débroussailler. S’il se trouve un jour des lecteurs à cette chronique, qu’on me pardonne le désordre. »

Jocelyne Saucier est, quant à moi, tout à fait pardonnée tellement son récit est fascinant. Dès le point de départ, je me suis fait prendre par l’intrigue. Qu’est-ce qui a bien pu pousser cette femme à quitter précipitamment son village et à laisser derrière elle sa fille suicidaire, « étrangère à elle- même », dont elle s’occupait tendrement, avec calme et patience ? Gladys combattait la maladie mentale de sa fille avec acharnement « sur le seul terrain qu’elle connaissait. Le bonheur. Les petits et les grands, surtout les petits. Le bonheur, c’était sa médication » puisqu’elle avait jeté à la poubelle Prozac et compagnie. « Gladys s’est crue assez forte pour prendre sur elle l’instinct de mort de sa fille. »

Ce départ insolite est-il le fait d’une crise de désespoir de la part de cette veuve qui a perdu son mari mort à la suite d’un accident de la mine Lake Shore lorsqu’elle était enceinte de sa fille ? Gladys qui a alors retenu ses larmes, car elle n’est pas du côté sombre de la vie aux dires des personnes qui la connaissaient : « Gladys n’était pas porteuse de mort, elle était une montagne de volonté et d’énergie, elle était un monument de vie. » Gladys est une optimiste qui refuse de tenir rancune aux mauvais coups que les événements lui assènent : « Quand on a connu le bonheur, dira-t-elle, il est impossible de croire qu’il n’est plus possible. » Quel est donc le sens de son voyage ?

Est-ce que Gladys ne voulait pas simplement retrouver les jours heureux de son enfance vécue dans les trains-écoles où « la vie était exaltante, passionnante, palpitante, excitante, toujours en mouvement, un merry-go-round continuel. Les enfants Campbell ont grandi avec le roulis du train et le sentiment que leurs parents étaient les bienfaiteurs de l’humanité. Gladys plus que tout autre… »

Le narrateur du roman, fasciné par les school trains, lui-même associé aux trains puisqu’il est fils de cheminot, nous emporte dans les méandres de leur histoire en cherchant à découvrir le parcours ferroviaire qu’a suivi Gladys, en retraçant les personnes qui l’auraient croisée même si celle-ci a choisi de masquer son passage par de multiples détours. Des détours que nous prenons nous aussi afin de prendre connaissance de ces « témoignages flous, incertains pour la plupart et forcément parcellaires puisqu’il s’agit d’une fuite échevelée que personne n’a pu suivre tout du long ! », témoignages qui, sous l’apparence de simples anecdotes, traduisent la couleur des gens de cet arrière-pays. De tous ces gens qui se sentent « responsables d’un mot, d’un geste, d’un regard qu’ils ont eu ou n’ont pas eu, perdus à tout jamais le long de cette chaîne de ratés qui a permis à Gladys d’errer librement. »

Avec le narrateur, nous essayons de suivre Gladys dans les « dédales de sa course ou sa fuite ou sa mission », car rien n’est clair. Et nous cherchons les clefs que peuvent peut-être nous fournir les multiples personnages de l’ancienne école du train et qui « ont été enfants du rail autant qu’enfants de la forêt », pour comprendre les motifs de ce périple. Des personnages qui nous offrent un superbe album photo que l’on feuillette, émus, avec tendresse et curiosité.

Jocelyne Saucier est l’auteure du magnifique roman à succès Il pleuvait des oiseaux.

Lu en version numérique.

Membre : Monique L. de Cookshire-Eaton

Saucier, Jocelyne. À train perdu, XYZ éditeur, collection Romanichels, 2020, 255 pages.

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24 sept 2020

L’Appât

Cole, Daniel

L'Appât Pocket

Lorsque le cadavre d’un homme attaché aux câbles du pont de Brooklyn avec sur le torse le mot « appât » gravé, et que son assassin est retrouvé quelques mètres plus bas avec gravé sur le torse le mot « marionnette », c’est vers Londres que le FBI se tourne.

Cette sinistre affaire ressemble étrangement à l’affaire Ragdoll et c’est tout naturellement que le FBI demande conseil à Emily Baxter, celle qui a permis l’arrestation du tueur. S’agit-il d’un copy-cat ? Certainement, car le tueur de Ragdoll croupit derrière les barreaux, plus pour longtemps d’ailleurs, puisqu’il va être assassiné et son assassin sera retrouvé également mort. Les mêmes mots gravés sur les torses.

C’est le début d’une enquête qui va faire des allers-retours entre les deux continents. Celui qui tire les ficelles s’amuse à tuer des deux côtés de l’Atlantique. L’affaire est complexe et le FBI a souvent intérêt à ce qu’une simple policière anglaise ne résolve pas l’enquête avant eux. Les crimes sont de plus en plus sanglants et Emily Baxter va devoir faire preuve de sang-froid et lutter contre ses démons pour comprendre qui tire les ficelles.

Je découvre cet auteur et j’aurais dû commencer par Ragdoll (2017) au regard du nombre de rappels qui est fait dans L’Appât. Il me reste quelques zones d’ombre pour comprendre toutes les subtilités de ce roman. Pour les amateurs, il y a du sang, beaucoup de sang.

L’enquête est bien menée, mais l’intrigue ne m’a pas du tout convaincue, surtout à partir du moment où l’image d’attaque de zombies s’est superposée à une scène. En bref, ce type de roman policier n’est pas pour moi, je pense, mais je suis certaine qu’il plaira aux amateurs de thriller.

Titre original : Hangman

Membre : France

Cette suggestion est proposée par un lecteur du Pays de Romans – France, membre du club de lecture Troquez vos Irrésistibles et partenaire du Club Les Irrésistibles des Bibliothèques de Montréal.

Cole, Daniel. L’Appât, Éditions Robert Laffont, collection La Bête noire, 2018, 478 pages.

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24 sept 2020

La Seule histoire

Barnes, Julian

La Seule histoire Barnes

La Seule histoire raconte la liaison entre Paul, 19 ans, et Susan, 48 ans. Il demeure chez ses parents. Elle est mariée et a deux filles plus âgées que Paul. Au moment de relater son histoire, il est dans la soixantaine. Il le fait à travers le prisme des années qui se sont écoulées depuis. À 60 ans, il ne voit plus les choses comme elles étaient à l’époque.

Dès la première phrase, Barnes met la table : « Préféreriez-vous aimer davantage, et souffrir davantage ; ou aimer moins, et moins souffrir ? C’est, je pense, finalement, la seule vraie question. » Tout le roman tente d’y répondre.

Julian Barnes a une écriture qui surprend et qui déroute. D’un livre à l’autre, que ce soit un roman ou un essai, on ne sait jamais ce qui nous attend avec lui, sauf que l’on va passer un très bon moment de lecture.

En terminant, un commentaire d’Elizabeth O’Reilly résume bien le style du bonhomme : « Cependant, malgré cette expérimentation ludique avec le langage, le style et la forme, la fiction de Barnes est également ancrée dans le réalisme psychologique et ses thèmes sont sérieux, poignants et ressentis : il aborde fréquemment la nature de l’amour, en particulier son côté sombre, explorant la capacité de l’humanité pour la jalousie, l’obsession et l’infidélité, aux côtés de la quête perpétuelle de l’amour authentique. »

Titre original : The Only Story

Membre : Michel, Saint-Jean-sur-Richelieu

Barnes, Julian. La Seule histoire, Éditions Mercure de France, 2018, 259 pages.

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24 sept 2020

La Tournée d’automne

Poulin, Jacques

La Tournée d'automne

Que dire de ce livre de Jacques Poulin, auteur que j’avais découvert grâce au Club des Irrésistibles.

La Tournée d’automne nous fait visiter le Québec en minibus, bibliothèque roulante, en partant de Québec et en allant vers l’Est.

Une histoire qui nous permet de voyager avec un Québécois, qui connaît très bien sa province et un groupe de Français un peu saltimbanques.

Un roman plein de douceur et de tendresse. Un autre petit bijou de cet auteur que j’apprécie beaucoup.

Membre : Jacqueline, Terrebonne

Poulin, Jacques. La Tournée d’automne, Éditions Actes Sud, Leméac, collection Babel, 1993, 208 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

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24 sept 2020

Cœur trouvé aux objets perdus

Ruel, Francine

Coeur trouvé aux objets perdus

Francine Ruel a puplié plusieurs livres, dont Petite mort à Venise (2015), une visite guidée dans cette ville incroyable. Mais mon coup de cœur est allé à Cœur trouvé aux objets perdus.

De l’humour, de l’amour dans une famille d’originaux qui semble totalement dysfonctionnelle, des rencontres manquées, des êtres esseulés dans un immeuble peuplé en grande partie d’immigrants. Tout ce beau monde se croise, se rencontre, s’aide et on termine ce livre avec un grand sourire.

Membre : Jacqueline, Terrebonne

Ruel, Francine. Cœur trouvé aux objets perdus, Éditions Libre Expression, 2009, 314 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

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24 sept 2020

Poupée volée

Ferrante, Elena

Poupee volee Ferrante

Connue pour sa fameuse tétralogie L’Amie prodigieuse, Ferrante avait écrit trois autres romans avant cette série dont celui-ci qui est son second. Ici, du moins, nous ignorions qu’elle existait avant l’histoire de Lenù et de Lila. Et pourtant, Poupée volée est encore plus original, plus dramatique, plus inquiétant.

Ce roman raconte l’histoire de Leda, 48 ans, qui a deux filles qui vivent avec leur père parti travailler au Canada. Elle n’en souffre pas, au contraire. Elle les a même déjà abandonnés durant trois ans pour aller vérifier si l’air était plus respirable ailleurs.

Assise sur la plage, elle remarque une famille de Napolitains qui sont également en vacances. Parmi eux, il y a Nina et sa fillette Elena qui la font réfléchir sur la relation complexe qu’elle a eue avec ses propres filles. Un jour, la fillette perd sa poupée qu’elle adorait et ne la retrouve plus. Tout le monde sur la plage se met à la recherche de cette poupée, car la fillette ne se remet pas de cette perte.

Et là, c’est le vrai drame qui débute et que je vous laisserai découvrir avec un très grand plaisir, j’en suis certain.

Titre original : Figlia oscura

Membre : Michel, Saint-Jean-sur-Richelieu

Ferrante, Elena. Poupée volée, Éditions Gallimard, collection Du monde entier, 2006, 2009, 176 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

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17 sept 2020

Le Billet de la semaine

Bonjour à vous toutes et à vous tous,

La première phrase du roman La Vie mensongère des adultes (Gallimard, 2019, 2020) d’Elena Ferrante va déterminer les prochaines années de la vie de la narratrice, Giovanna Trada : « Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père déclara à ma mère que j’étais très laide. Cette phrase fut prononcée à mi-voix, dans l’appartement que mes parents avaient acheté juste après leur mariage au Rione Alto, en haut de San Giacomo dei Capri. » Toute une entrée en matière, non ?

Nous suivrons donc Giovanna, dite Giannì, durant quatre ans, de 12 à 16 ans. Née le 3 juin 1979, fille unique de parents quarantenaires, elle est intelligente, a une bonne mémoire et aime lire. Elle dit d’elle-même « qu’elle est arrogante, mauvaise et souvent injuste ».

Andrea, son père, enseigne l’histoire et la philosophie « dans le plus prestigieux lycée de Naples », tandis que sa femme, Nella, est professeure de latin et de grec au lycée de la Piazza Carlo III. Tous trois habitent un appartement dans la partie la plus élevée de Naples.

Couple uni, les Trada sont très proches de Mariano et de Constanza, les parents d’Angela et d’Ida – les grandes amies de Giovanna. Eux aussi gravitent dans le milieu de l’enseignement. Mariano, très bavard, est professeur universitaire en histoire alors que sa femme, belle et raffinée, descendante d’une riche famille, enseigne l’italien et le latin.

Tout irait bien dans le meilleur des mondes si, un jour, Giovanna ne s’était mise en tête qu’elle voulait faire la connaissance de Vittoria, la sœur « maudite » d’Andrea. Ce dernier, qui a coupé les ponts depuis fort longtemps avec les siens, ne veut plus entendre parler de cette femme qui demeure dans la maison de leur enfance, située dans les quartiers pauvres de Naples. Elle est l’extrême opposée de son frère : vulgaire – les jurons sont monnaies courantes dans son vocabulaire –, peu éduquée – ses études se sont arrêtées à l’école primaire –, elle aime provoquer et ne se gêne pas pour dire tout ce qu’elle pense. Une rage l’habite depuis qu’Andrea lui a fait perdre l’amour de sa vie.

Au début de la requête de leur fille, Andrea et Nella font tout pour qu’elle n’entre pas en contact avec Vittoria qui, à leurs yeux, est loin d’être un exemple à suivre. Mais vous savez comment sont les adolescents : dès qu’on leur interdit quelque chose, ils n’ont qu’une envie, désobéir. C’est ainsi que Giovanna va s’organiser pour rencontrer sa tante et, aux dires d’Andrea, sa fille « est en train de prendre les traits de Vittoria ».

À partir de là, la vie de Giovanna et celle de son entourage vont basculer. Pour le meilleur ou pour le pire ? Que lui cachent ses parents ? Combien de secrets, de non-dits ponctuent leur existence ? Pourquoi Andrea déteste-t-il autant Vittoria ? Qu’a-t-elle fait de si répréhensible ? Est-elle folle comme plusieurs le pensent ? Et si c’était Andrea le « coupable » ? Qui a raison, qui a tort ?

Chose certaine, plus nous avançons dans La Vie mensongère des adultes, par ailleurs fort bien traduit par Elsa Damien, plus l’atmosphère devient malsaine et toxique. Giovanna, quant à elle, passe de jeune fille charmante à désagréable, de bonne élève à celle qui redouble sa quatrième année et qui, de plus en plus souvent, se met à mentir aux uns et aux autres.

Plusieurs personnages viennent se greffer à cette histoire qui comporte de multiples points communs avec L’Amie prodigieuse, ce qui plaira aux inconditionnels d’Elena Ferrante, mais qui possiblement, en décevront quelques autres. À vous de juger ! Pour ma part, j’ai bien aimé, même si l’effet d’enchantement que j’avais eu à lire la tétralogie s’est estompé.

Si je me fie aux dernières pages de La Vie mensongère des adultes, il est fort à parier que ce roman connaîtra une suite !


Les Irrésistibles de Marie-Anne ont aussi leur page Facebook. Venez voir !

https://www.facebook.com/LesIrresistiblesDeMarieAnne

En vous rendant sur la chaîne YouTube à l’émission Les Irrésistibles de Marie-Anne, vous pourrez entendre, à chaque semaine, mes commentaires et critiques de théâtre ou d’arts visuels.

Je vous souhaite de très belles découvertes et à la semaine prochaine,


Marie-Anne

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17 sept 2020

L’Exception

Ólafsdóttir, Audur Ava

L'Exception Audur

Le soir du Nouvel An, après avoir débouché le champagne, Floki annonce à sa femme, Maria, son départ. Il la quitte pour son partenaire d’affaires. Il désire être intègre avec lui-même.

Maria et Floki vivaient ensemble depuis onze années. Après une demande d’adoption, ils avaient eu la surprise de vivre la grossesse de Maria et de recevoir des jumeaux dans leur vie. Mais, à la suite du départ de Floki, cette dernière doit revoir sa vie, s’organiser avec les jumeaux, espérer le retour de Floki, se pencher sur son passé et regarder les zones d’ombre anodines qui sont des espaces maintenant parlants.

Sa voisine, qui est thérapeute, devient très présente dans le quotidien de Maria. Elle gagne sa vie en écrivant des chapitres de romans policiers pour un auteur connu. À travers les réponses n’ayant aucun rapport avec les questions de Maria, elle nous fait bénéficier de nombreux clins d’œil frôlant le sarcasme. Elle peut détailler de multiples façons de tuer. Une amitié s’installe entre ces deux femmes.

Maria apprend que son père biologique veut la rencontrer. Lors du souper avec ce dernier, Maria se surprend à « vider son sac » sur sa vie actuelle. Une forme d’intimité s’installe entre ces deux inconnus.

À la lecture de ce roman, nous assistons à la quête de Maria. Son mari la quitte pour un homme ; elle désire son retour pour les enfants ; elle discute avec sa voisine de ses surprises du quotidien ; elle apprend que son père biologique veut la rencontrer ; elle voit Floki qui devient serein dans sa nouvelle vie avec un homme ; elle revisite des événements de leur vie et découvre les zones d’ombre ; elle devient l’unique héritière de son père biologique…

Un roman écrit avec fluidité, malgré le sujet trouble. Une grande douceur dans les personnages. Maria devient une amie que nous aimons accompagner dans cette odyssée. Une conclusion empreinte d’une grande sensibilité.

Titre original : Undantekningin

Membre : Pierre, St-Jean-sur-Richelieu

Ólafsdóttir, Audur Ava. L’Exception, Éditions Zulma, 2012, 2014, 337 pages.

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17 sept 2020

Whisky et Paraboles

Bouchard, Roxanne

Whisky et Paraboles

Le roman d’une jeune femme québécoise qui se réfugie dans un chalet au bord d’un lac afin d’oublier son passé. Élie traîne son mal de vivre. Une petite voisine de huit ans, maltraitée et en manque d’amour, viendra rompre sa solitude.

Une écriture pleine d’émotions, de poésie, de tendresse et d’humour.

Ce premier roman a valu à Roxanne Bouchard le prix Robert-Cliche en 2005. L’auteure est professeure de littérature au cégep de Joliette et cela transpire dans ce volume.

Son dernier opus, La Mariée de corail (2020), semble déjà voué à un grand succès.

Une auteure québécoise qu’il faut lire, connaître et faire connaître. Bonne lecture !

Abonnée : bibliothèque Germaine-Guèvremont

Bouchard, Roxanne. Whisky et Paraboles, VLB éditeur, 2005, 274 pages.

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17 sept 2020

Shuni : ce que tu dois savoir, Julie

Fontaine, Naomi

Shuni Fontaine

Tous les Québécois et Québécoises devraient lire cette lettre qu’adresse la narratrice à son amie Shuni qu’elle n’a pas vue depuis des lunes.

Pour mieux sentir et comprendre la culture innue. Un peuple qui ne se laisse pas enfermer dans des statistiques : décrochage scolaire, femmes battues, suicides, etc.

Un peuple qui n’est pas résilient, mais résistant. Un peuple rieur. Une communauté vive, riche et excessive.

C’est écrit sans agressivité. Elle nomme froidement le colonialisme et l’emprisonnement de son peuple nomade dans des réserves clôturées. Pas un mot sur Amherst ou le déboulonné MacDonald.

Elle ne craint pas d’utiliser, avec une douce ironie, pour la nommer elle et son peuple, des termes fort connotés par notre ignorance : Indiens et sauvagesses.

Elle laisse entendre une voix que ne saisissent pas encore bien certains anthropologues.

Elle dit sa terre, les fêtes, la pêche aux capelans, les riches traditions innues, la force des femmes, la mémoire des ancêtres. Elle dit leur temps circulaire que nous ne comprenons pas, entraînés que nous sommes par la forte impulsion de notre temps linéaire qui, sous couvert d’emmener le progrès, détruit la nature et les vies.

Elle dit aussi, avec chaleur, son amour pour son fils : petit ours.

Un appel à une véritable Paix des Braves.

Membre : J. de Rosemont

Fontaine, Naomi. Shuni : ce que tu dois savoir, Julie, Éditions Mémoire d’encrier, 2019, 158 pages.

Cette oeuvre a déjà été suggérée par le Club des Irrésistibles, lire ici.

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17 sept 2020

Shuni : ce que tu dois savoir, Julie

Fontaine, Naomi

Shuni Fontaine

Apprenant que son amie d’enfance, fille d’un pasteur blanc, qu’elle a complètement perdue de vue retourne dans sa communauté innue comme missionnaire, Naomi décide de lui écrire.

Dans une longue lettre divisée en courts chapitres, elle lui raconte sa communauté comme elle la voit, comme elle la vit, comme elle la comprend. Elle parle de ses parents, de sa grand-mère, de sa relation avec son fils.

Il ne s’agit pas d’une analyse savante ni de statistiques, mais d’un regard bienveillant, aimant, lucide aussi, qui bouscule les préjugés courants et qui ouvre le coeur à ce peuple trop peu connu. Beaucoup de belles réflexions sur la liberté, les relations humaines, les effets de la colonisation, la fidélité à sa culture qui n’oblige en rien à renier la modernité.

L’écriture est simple et belle. Naomi Fontaine raconte magnifiquement. J’avais l’impression d’entendre sa voix en lisant.

« Avant d’aider qui que ce soit […] il faut bien commencer par les connaître. »

À un journaliste qui lui demandait comment elle, une Innue, a pu réussir à l’université, elle répond : « Je n’ai jamais pensé que je ne pouvais pas le faire. »

Bref, un très beau moment de lecture que je recommande chaudement.

Membre : Outremont

Fontaine, Naomi. Shuni : ce que tu dois savoir, Julie, Éditions Mémoire d’encrier, 2019, 158 pages.

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17 sept 2020

La Mère morte

Caunes, Blandine de

La Mère morte

Benoîte Groult (1920-2016) est mon « idole » de toujours. Depuis l’âge de 14-15 ans, j’ai lu tous ses livres. Idole de par son style, ses descriptions, son humour et, bien sûr, son militantisme pour la libération de la femme. Mais ce que j’apprécie le plus chez elle, c’est sa vitalité, son amour de la nature et de la mer. C’est une épicurienne dans tous les sens du mot.

Ce qui m’a ravie une fois de plus, c’est d’abord son Journal d’Irlande (2018), repris par sa fille Blandine de Caunes d’après ses carnets rédigés entre 1977 et 2003 en Irlande. À la fin de ces carnets, elle a 83 ans, mais elle vit toujours intensément malgré les bobos dus à l’âge.

J’y ai appris la vérité sur beaucoup de choses, en particulier sur ses rapports avec son amant irlandais, tel qu’il apparaissait dans Les Vaisseaux du cœur (1988).

Toujours sous le charme, j’ai donc enchaîné sur un autre livre, encore une fois écrit par Blandine de Caunes, La Mère morte, dans lequel elle parle des dernières années de sa mère souffrant d’Alzheimer. Elle raconte comment, avec ses soeurs, elles ont abrégé ses souffrances, tel que Benoîte en avait décidé dans La Touche étoile (2006).

C’est tragique de voir cette grande dame de 96 ans, qui a enterré son mari, son amant, sa soeur Flora, sa nièce, se dégrader de jour en jour.

Blandine de Caunes rend donc là un hommage mérité à sa mère, Benoîte Groult. Elle dit d’elle : « Fatiguée, un mot qu’elle ne prononçait jamais, elle l’infatigable qui menait de front toutes ses vies. » Plus émouvant encore : « Elle nous a donné la vie, on lui a donné la mort. »

Membre : Lachine

Caunes, Blandine de. La Mère morte, Éditions Stock, 2020, 297 pages.

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17 sept 2020

On tue…

Pelletier, Jean-Jacques

On tue JJ Pelletier

On tue… dans une résidence pour personnes âgées… on tue des animaux… on tue dans la Nature… on tue… et le premier ministre de la CAQ est au courant !

L’inspecteur Henri Dufaux est en charge de l’enquête afin de trouver les coupables. Peut-être bien le crime organisé, peut-être bien un groupe de fanatiques qui désire sauver la planète. Que de questions !

Les romans de Jean-Jacques Pelletier, toujours talentueux, sont remplis d’intrigues troublantes ; on retrouve un regard ironique, une interrogation profonde sur les enjeux de notre société actuelle.

Les intrigues ont fréquemment un petit air prémonitoire que j’aime bien. Déjà, en 2019, il parlait de masque sanitaire. Un livre fascinant. À lire !

Abonnée : bibliothèque Germaine-Guèvremont

Pelletier, Jean-Jacques. On tue…, Éditions Alire, 2019, 646 pages.

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17 sept 2020

Solo II

Castiello, François

SOLO II CD

François Castiello parcourt le monde depuis de nombreuses années avec son fidèle ami, son accordéon. Avec cet album, il nous promène à travers toutes les influences qu’il a pu récolter, avec pour seuls instruments son accordéon et sa voix.

Le voyage est parfois émouvant (Fratelli), entêtant (Free Teteli), suprenant (Boroto) et entraînant (Nous chantons).

Et quand il ne joue pas ses propres compositions, l’artiste interprète des titres de jazz comme Panonica de Thelonious Monk ou, encore, Silence de Charlie Haden. À écouter…

Membre : France

Cette suggestion est proposée par un lecteur du Pays de Romans – France, membre du club de lecture Troquez vos Irrésistibles et partenaire du Club Les Irrésistibles des Bibliothèques de Montréal.

Castiello, François. Solo II, CD, 2008.

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