Hazanavicius, Michel

Sans être un chef-d’oeuvre, c’est un bon moment de cinéma. D’abord parce qu’il faut avoir du culot pour faire un film muet en noir et blanc et le réussir. Aussi parce qu’il est intéressant de voir ce portrait de la fin des années 20 et du début des années 30, particulièrement dans le domaine du cinéma, qui passe du muet au parlant, alors que la crise (krach de 1929) sévit. Pour ce qui est des acteurs, Bérénice Bejo est excellente tout au long du film, tandis que Jean Dujardin s’améliore au fur et à mesure que le film progresse. Au début, il joue faux, c’est le moins que l’on puisse dire.
Un conseil : n’arrivez pas en retard, car il y a un court-métrage qui précède ce film, Trotteur, qui lui est un chef-d’oeuvre.

Avec, entre autres, Bérénice Bejo et Jean Dujardin.

Almodóvar, Pedro

Almodóvar, c’est le plaisir assuré : l’histoire qui vous tient sur le bout de votre banc, le jeu des comédiens, les couleurs, la musique, les petits fous rires malgré le drame. Mais aussi, bien sûr, toutes ces questions d’éthique qui sont dans l’air du temps et qu’il faut aborder froidement sans se cacher la tête dans le sable. Il est toujours plaisant de réfléchir avec ce maître du cinéma.

Avec, entre autres, Antonio Banderas, Elena Anaya et Marisa Paredes.

Titre original : La Piel que habito

Morin, Yves

Si vous aimez les thrillers, si la médecine vous intéresse et si le roman historique vous passionne, alors il faut lire ce roman.
Le mystère des buveurs de bière québécois, le déversement d’un million de gallons de bière dans les égouts de la ville de Québec et 49 malades, dont 20 décès, etc.
Qui est le responsable : l’eau de Québec, le cobalt, peut-être la bière Dow ?
Trois siècles auparavant, toujours à Québec, le docteur Jean de Bonamour, premier médecin en Nouvelle-France (1669-1672), faisait face au même mystère.

Laferrière, Dany

Voici un gros coup de cœur. L’auteur se raconte, donne son avis sur la politique, la philosophie, la psychologie, la littérature et ses livres préférés avec un peu d’humour. Il nous parle de ses voyages, de ses expériences, de sa jeunesse à Petit-Goâve et à Port-au-Prince. « Un bon livre oxygène l’esprit » et c’est vrai pour celui-ci. Quel intellectuel ! Ouvrage tellement bien écrit sur des sujets bien diversifiés. À lire, à savourer doucement et tranquillement.

Luca, Erri de

La narratrice, Marie, nous raconte sa relation avec l’ange qui lui annonce la conception de Jésus ainsi que son voyage effectué vers Bethléem, pour la naissance de son fils.
En prêtant à Marie des sentiments et des besoins humains, ceux de toutes les mères, en la cadrant dans le contexte sociopolitique de l’époque, l’auteur renouvelle, par son style, cette histoire vieille de 2000 ans.
À cet effet, je cite : « Il est long le chemin qui va de Nazareth à Bet Lêhem… Au cours d’une déviation à travers les champs de neige, j’ai vu une tache de terre sèche rouge. C’était du sang. [...] Iosef (Joseph) m’a dit que la neige ne s’arrête pas sur le sang, qu’elle ne la couvre pas… Notre terre a absorbé tant de sang, qu’elle en est ivre. »
J’ai pris beaucoup de plaisir à m’attarder aux détails, surtout historiques, ainsi qu’aux descriptions de ce récit.
J’ai beaucoup aimé.

Titre original : In nome della madre

Bonjour à vous toutes et à vous tous,

Laissez-moi, tout d’abord, vous offrir mes meilleurs vœux pour l’année 2012. Santé, santé, santé et le reste suivra. Je désire profiter de la nouvelle année pour vous dire combien je suis privilégiée de vous avoir toutes et tous rencontrés. Que ce soit par l’entremise des clubs de lecture, du Club des Irrésistibles, des conférences, à chaque fois, je suis heureuse d’échanger avec vous et de vous lire en si grand nombre. Je nous souhaite donc, pour l’année 2012, que ces moments de retrouvailles se fassent toujours dans la joie de partager nos belles découvertes. Merci de tout cœur de rendre possible toutes ces activités.

Attention : toutes vos suggestions de cette semaine et celles de la semaine prochaine ne seront mises sur le site web des Irrésistibles que le vendredi 13 janvier, car l’équipe technique est en vacances. Merci de votre compréhension.

Au sujet du Prix du Club des Irrésistibles : pouvez-vous croire que vous m’avez, en 2011, fait parvenir près de 200 pages de suggestions ? Environ 570 coups de cœurs littéraires, sans compter les films, les pièces de théâtre, les expositions, etc.
De ce lot, il a fallu retenir les cinq titres les plus souvent mentionnés.

Donc, voici les cinq romans que les 90 membres du jury du Prix du Club des Irrésistibles 2012 auront à lire d’ici le lundi 23 avril prochain :

1- Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier (XYZ, 2011)

2- Rosa candida d’Audur Ava Ólafsdóttir (Zulma, 2007, 2010)

3- Eldorado de Laurent Gaudé (Actes Sud, Leméac, 2006)

4- L’Homme inquiet d’Henning Mankell (Seuil, 2009, 2010)

5- Les larmes de saint Laurent de Dominique Fortier (Alto, 2010).

Bonnes lectures et à vendredi prochain !

Marie-Anne xxx

Watson, Steven J.

Elle, 27 ans, se réveille à côté d’un vieux monsieur dans la cinquantaine avancée. Ne le reconnaît pas, ni lui ni la chambre où elle se trouve. Elle se lève doucement pour ne pas le réveiller, aller dans la salle de bains et s’éclaircir les idées. Ce qu’elle a dû picoler la veille ! Elle se regarde dans le miroir : ridée, la peau un peu flasque… l’horreur ! Elle a le visage d’une femme de presque 50 ans. Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
L’idée de départ est excellente. Une femme qui se réveille tous les matins avec un trou de mémoire total qui s’étend sur 20 ans. Amnésie. Mais…
Mais de dizaines de pages en dizaines de pages, on se rend compte qu’il n’y a rien dans ce foutu roman. J’avoue : je me suis fait avoir ! Ce n’est pas parce que les personnages sont cinglés que l’auteur est autorisé à prendre les lecteurs pour des demeurés.

Titre original : Before I Go to Sleep

Gaudé, Laurent

Bien sûr, ce livre a déjà reçu beaucoup d’éloges. Mais je ne peux m’empêcher d’ajouter quelques lignes à ces hommages. Le soleil des Scorta est un roman de force et de persévérance, dans un décor solaire, lumineux, incandescent. Et, mine de rien, l’auteur laisse des indices qui créent un lien entre La Porte des Enfers (2008) et Eldorado (2006). J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai lu d’une traite.

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9 juillet 2010

Parce qu’un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l’opprobre. Dans leur petit village d’Italie du Sud, ils vivent pauvrement et ne mourront pas riches. Ils ont fait le voeu de se transmettre de génération en génération le peu que la vie leur laisserait en héritage.

Roman solaire profondément humaniste, ce livre met en scène, de 1870 à nos jours, l’existence de cette famille à laquelle chaque génération tente d’apporter au gré de son propre destin la fierté et la révélation du bonheur.
Un beau coup de coeur.

Claudel, Philippe

Quel beau livre ! C’est tellement bien écrit, et d’une extrême sensibilité. Il n’y a pas à dire, je suis un « fan »… mais je ne vais pas tout de suite en lire un autre de cet auteur, de peur de me lasser… car, comme dit la Société des alcools : la modération a meilleur goût !

Émond, Anne

Un film sans fioritures avec un dialogue en béton, des plans de caméra très longs et souvent fixes qui favorisent l’écoute, des acteurs très solides. Toute une performance. Un huis-clos qui nous permet de réaliser que la solitude et le mal-être peuvent exister en chacun de nous sans pour autant nous empêcher de vivre. L’important, c’est d’en être conscient.

Avec Catherine de Léan et Dimitri Storoge.

Mazetti, Katarina

Par coïncidence, au reçu du dernier courrier du Club des Irrésistibles, j’étais en train de lire ce livre, qui est la suite du roman Le mec de la tombe d’à côté de la même auteure (1998, 2006).
Tout aussi amusant et captivant, mais mettant plus en relief les difficultés et les différences de la vie d’un agriculteur, propriétaire d’une ferme de 24 vaches laitières dans une région où les fermes cessent leurs activités sous la pression de la rentabilité, et d’une bibliothécaire citadine, mère de famille.

Titre original : Familjegraven

Reynaud, Élisabeth

Ce livre est très intéressant, car il dévoile les dessous de l’Histoire, ce que l’on n’apprend pas à l’école : inceste, dépravation, traîtrise, dépenses immodérées alors que le peuple mourait de faim. Louis XVI n’était pas fait pour être roi, il passait son temps à la chasse ou à jouer avec des serrures. Pas très beau de sa personne, il était très fier d’avoir une épouse si jolie et ne pouvait rien lui refuser, c’est ainsi que les dépenses de la reine les a conduits à l’échafaud. Je les plaignais beaucoup étant jeune, je les plains moins maintenant.

Manguel, Alberto

Pour nous tous, membres du Club des Irrésistibles, la lecture est un loisir des plus importants. Pour moi, comme pour d’autres, sans doute, c’est même une passion. Si un jour je perds la vue, j’y perdrai sans doute aussi la vie. Une histoire de la lecture est loin d’être un livre facile, « mais c’est un livre savant qui se lit comme un roman d’aventures. » Il s’agit d’un essai que l’auteur aura mis sept ans à rédiger. Saviez-vous que l’écriture est venue bien après le langage et que l’on peut bien vivre sans lire mais non sans parler ? Saviez-vous aussi que l’écriture ne peut exister sans la lecture ? Ou que la lecture est un acte qui se fait de centaines de façons différentes selon l’époque, selon la société dans laquelle on vit, selon que l’on est un homme ou une femme ? Je ne pourrais pas, ici, citer toutes les phrases qui m’ont interpellé. Mais il y en a une ou deux qui en valent vraiment la peine : « L’acte d’écrire établit une relation intime, physique à laquelle prennent part tous les sens : les yeux saisissent les mots sur la page, les oreilles font écho aux sons lus, le nez respire l’odeur familière de papier, de colle et d’encre, la main caresse la page rugueuse ou lisse, la couverture souple ou dure ; même le goût intervient parfois, quand le lecteur porte les doigts à sa langue (c’est ainsi que le meurtrier empoisonne ses victimes dans Le Nom de la rose d’Umberto Eco). »
Après ça, on viendra me dire que les tablettes électroniques de lecture sont un progrès…
Et vers la fin : « Nous lisons dans l’ignorance. Nous lisons à longs gestes lents, comme si nous flottions dans l’espace, en apesanteur. Nous lisons plein de préjugés, dans la malice. Nous lisons généreusement, pleins d’indulgence pour le texte, comblant les vides, réparant les erreurs. Et parfois, quand les astres nous sont favorables, nous lisons le souffle court, parcourus d’un frisson, comme si quelqu’un ou quelque chose avait « marché sur notre tombe », comme si un souvenir enfoui au fond de nous est soudain libéré – comme si nous reconnaissions une chose dont nous avions toujours ignoré la présence, ou une chose que nous sentions vaguement, ombre ou petite lueur, dont la silhouette fantomatique s’élève et rentre en nous avant que nous ayons pu voir ce que c’était, nous laissant plus vieux et plus sage. »

Titre original : A History of Reading

Bonjour à vous toutes et à vous tous,

Un très Joyeux Noël à tous les membres du Club des Irrésistibles.

J’espère que vous allez bien… Comment vous remercier de toutes ces belles suggestions ?
Bienvenue également aux nouveaux membres.

Durant la période des Fêtes, Entracte vous présentera des reprises d’entretiens qui ont été en ondes ces dernières semaines. Et dès le 7 janvier, de nouvelles chroniques culturelles vous seront offertes tous les samedis.

Je vous souhaite une très belle fin de semaine et à vendredi prochain,

Marie-Anne

Turcotte, Élise

Tout à fait d’accord avec la membre de Lachine. Ce livre ne m’a pas du tout captivée. Vraiment pas un coup de cœur !

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16 déc 2011
Ce livre a été couronné du Grand Prix du livre de Montréal et un des meilleurs 40 livres de 2011 sélectionnés par La Presse.
Kimi, qui travaillait comme coiffeuse, a été retrouvée pendue dans son salon. Kimi est née en Guyana et a immigré pour se sauver de la misère de son pays mais… Ana et son fils qui étaient des clients de Kimi se posent beaucoup de questions sur la pendaison de leur amie, sur la vie, sur la mort. J’avoue que je n’ai pas été captivée par le livre, mais comme vous voyez, beaucoup de personnes ne sont pas de mon avis. À vous de vérifier… Bonne lecture.

Guédiguian, Robert

Un excellent film franco-français, avec des acteurs solides, entre autres, Jean-Pierre Darroussin ; une histoire pas banale aux développements inattendus, beaucoup d’émotion. Ce n’est pas un thriller dans lequel tous les détails sont des indices importants (certains maillons sont faibles), car là n’est pas le propos. Il s’agit plutôt de l’illustration d’un joli cas de conscience moderne.

Avec, entre autres, Jean-Pierre Darroussin, Ariane Ascaride et Gérard Meylan.

Rufin, Jean-Christophe

Personne, à ma connaissance, n’a encore parlé d’un de nos meilleurs écrivains, Jean-Christophe Rufin…
Thème extrêmement actuel avec les otages français au Sahara, mais Rufin est un politique bien qu’académicien, et il parle du terrorisme dans ces régions sahéliennes, anciennes zones d’influence française d’Afrique de l’Ouest. Très bien documenté, – il a été ambassadeur au Sénégal, tout en étant médecin qui s’est beaucoup occupé d’action humanitaire – Rufin, dans un style très plaisant, raconte une histoire très complexe et assez terrible avec des personnages comme on en voit chaque jour aux actualités.
Ce livre est le second volet d’une série appelée Les enquêtes de Providence, le premier étant Le parfum d’Adam (Flammarion, 2007). Mais Rufin restera toujours pour moi l’auteur de Rouge Brésil, prix Goncourt de 2001. Inoubliable !

Abdelmoumen, Mélikah

Le personnage, Alia, est une auteure qui est traînée en justice par sa famille. Sa célébrité suscite l’intérêt d’un artiste français, Henri Dolbeic, qui s’intéresse à elle et lui demande de la rencontrer. Par toutes sortes de hasards, elle croise Blaise qui deviendra important dans son univers. C’est un roman sur les mensonges familiaux, mais abordés d’une manière originale.
J’ai savouré la lecture. Une écriture belle et simple. Des sentiments profonds, habilement exprimés sans débordement, et une histoire étonnante.

Saucier, Jocelyne

Dans ce roman, une œuvre chorale, six membres de la grande tribu des Cardinal se relaient au fil des sept parties de ce roman ambitieux. Un secret entoure la disparition d’un membre de la famille, Angèle, que l’on pourrait présenter comme l’ange de beauté qui est sans cesse soupçonnée de déloyauté face au clan. Il s’agit d’une bien étrange famille abitibienne : le père n’en a que pour les métaux, les jeunes gens font les quatre cent coups et la mère des vingt et un enfants semble abrutie par un incessant labeur. Le monde minier avec ses difficultés et ses particularités, est évoqué très concrètement. Entre autres parallèles avec le plus récent roman, Il pleuvait des oiseaux : la présence de jumelles et le thème de la rédemption…

Si j’en juge par le résumé du 3e roman que j’ai bien hâte de lire, Jeanne sur les routes (Éditions XYZ, collection Romanichels, 2006), l’auteure, cette fois, nous transporte dans la Rouyn-Noranda des années trente.

Saucier, Jocelyne

Dans une entrevue parue dans Le Devoir en février 2011, Jocelyne Saucier constate : « Tous mes romans parlent de disparition, de la cassure qu’elle provoque. »
Dans le premier récit qu’elle a publié, La vie comme une image, on retrouve une famille réduite à deux personnes, mère et fille, le père étant disparu de leur vie peu avant l’adolescence de la narratrice. L’amour et la sexualité, ainsi que le mensonge et l’imaginaire tissent la thématique de ce bref récit, où la folie du duo mère-fille peut rivaliser avec celle des personnages de Duras… ce qui n’est pas peu dire. Disons, pour terminer, que la narratrice évoque son enfance dans les années cinquante, dans une petite ville ou une banlieue bien tranquille.